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Où nous nous répéterions bien davantage encore, c’est si nous voulions insister sur les Récits des temps mérovingiens, illustrés par M. Jean-Paul Laurens. Avec une régularité qui ne faisait, d’ailleurs, qu’imiter celle de la maison Hachette et, sans nul doute aussi, celle de M. Jean-Paul Laurens, depuis sept ans qu’on en a commencé la publication, nous avons signalé l’un après l’autre chacun de ces Récits. Ils reparaissent aujourd’hui, formant tous ensemble un seul volume, qui ne le cède à aucun pour la valeur quasi classique du texte, et, a bien peu, cette année, pour le caractère de l’illustration. La couleur mérovingienne en est-elle après cela parfaitement authentique ? A propos de l’illustration de l’Iliade, par M. Henri Motte, nous nous sommes expliqué tout à l’heure sur ce point… par une prétérition moins savante que prudente.

Quand on ne voit pas bien l’ordre à suivre dans une matière, les meilleurs auteurs estiment que l’on peut prendre à tout le moins l’ordre alphabétique ; et c’est ce que nous allons faire pour les livres dont il nous reste maintenant à parler. La librairie Armand Colin nous offre donc une nouvelle traduction de la Divine Comédie, par M. Henri Dauphin, lequel n’est pas notre nouveau ministre des finances. Il ne manque pas de traductions de Dante ; elles sont toutes assez bonnes, et pas une parfaite. La meilleure serait peut-être encore la traduction en vers de M. Louis Ratisbonne. Celle de M. Dauphin, assez exacte, autant du moins qu’on en puisse juger au pied levé, ne nous a point paru notablement inférieure aux autres. Elle a aussi cela pour elle d’être accompagnée de notes nombreuses, qui ne sont pas toujours inutiles à l’intelligence du texte. Signalons encore en passant, à la même librairie : les Petites Histoires pour apprendre la vie, de M. Pierre Laloi. C’est parce que j’ai été étonné d’y apprendre « que les nobles avaient fui du champ de bataille de Crécy, de Poitiers, d’Azincourt ; » ayant plutôt cru jusqu’ici qu’ils y étaient restés.

A la librairie Charavay frères, un oncle, M. Jules Claretie, a servi d’introducteur et de préfacier à son neveu, M. Léo Claretie. Il y a de la facilité, de la bonne humeur, il y a de l’érudition et de l’art dans le Paris, depuis ses origines jusqu’en l’art 3000, de M. Léo Claretie ; et l’illustration, sans prétention, en est bien et heureusement entendue. Mais pourquoi ces chapitres qui terminent le volume : — En 1987, — l’art 3000, — et, dans ce cadre un peu usé, les suppositions qu’il comporte, moins amusantes que fantastiques !

Comment nous tirerons-nous d’affaire avec la librairie Garnier ? En louant très fort le texte de M. Louis Moland : Molière, sa vie et ses ouvrages, et beaucoup moins l’illustration, qui vraiment n’est pas digne du texte. On sait que, comme biographie du poète, le Molière de M. Louis Moland a aujourd’hui remplacé le Molière longtemps classique de Taschereau. Ajoutons qu’en le réimprimant, le consciencieux auteur ne