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LA
LÉGENDE DE CASPAR HAUSER

L’an de grâce 1838, MM. D’Ennery et Anicet Bourgeois faisaient re- présenter à l’Ambigu un drame intitulé : Gaspard Hauser. La même année, on jouait à la Gaîté le Pauvre Idiot, ou le Souterrain d’Elberg, et le pauvre idiot était encore Gaspard ou Caspar Hauser. Il était mort depuis cinq ans et les âmes sensibles continuaient de s’intéresser à cet énigmatique personnage. Il avait rempli le monde de son nom et du bruit de sa mystérieuse aventure ; on l’avait surnommé l’enfant de l’Europe. Aujourd’hui nous l’avons presque oublié ; mais les Allemands n’ont pas cessé de s’occuper de lui, de chercher le mot d’une énigme qui a fait couler des flots d’encre et donné lieu à de violentes et injurieuses polémiques.

En 1872, le docteur Julius Meyer publiait « des communications authentiques sur Caspar Hauser, » et s’attirait une vive riposte du professeur Daumer, qui publiait à son tour une nouvelle et savante étude sur l’enfant de l’Europe, « sur son innocence, ses souffrances et son origine. » Il y déclarait « que tout bon Allemand était tenu de croire à l’origine princière de Caspar Hauser, qu’on ne pouvait en douter sans faire preuve d’incrédulité rationaliste et satanique. » En 1882, paraissait à Ratisbonne une brochure anonyme destinée à démontrer une fois de plus à l’univers que Caspar était le fils de la grande-duchesse Stéphanie et l’héritier légitime du grand-duché