cela même, on le comprend, qui fit à la fois l’énergie et le succès d’Ambélakia. Deux causes détruisirent cette œuvre étonnante pour l’époque et dans un pays comme la Turquie : la grande banqueroute autrichienne de 1811, qui fit perdre plus de 10 millions aux associés, et la haine jalouse d’Ali-Pacha ; ce personnage, presque indépendant du sultan, lança ses Arnautes contre les villages désarmés ; tout fut saccagé. A présent Ambélakia n’est plus qu’une vaste ruine.
Des associations analogues où pas un membre n’était inactif existaient sur plusieurs points du monde grec, à Chio pour la culture et le travail de la soie, à Psara, à Spetzia, à Hydra pour les constructions et les transports maritimes. L’existence de ces compagnies explique la fureur des musulmans dans les massacres de Chio et de Psara et le rôle joué sur mer par les héros hydriotes et spetziotes. Le système qui avait fait leur fortune s’est perpétué après la guerre et règne encore aujourd’hui dans un assez grand nombre d’associations helléniques. Mais, depuis quelques années, le système des sociétés par actions tend à le remplacer. Cette substitution est due surtout à la reconstitution des capitaux privés. Beaucoup d’Hellènes, après s’être enrichis dans quelque commerce et se trouvant possesseurs de sommes plus ou moins importantes, cherchent des placemens avantageux qui leur permettent de se reposer et de léguer une vie facile à leurs enfans. La banque et les industries locales leur en fournissent, mais leur causent souvent aussi des déceptions.
Vers 1872, les grands bénéfices faits par la société franco-italienne du Laurium avaient surexcité les esprits ; quand l’exploitation passa aux mains des Grecs, les actions montèrent à des prix surprenans qui ne purent se soutenir. Dans le même temps chacun voulait devenir propriétaire de mines. Un nombre infini de concessions furent accordées pour toutes sortes de métaux ; leur superficie dépassa 200,000 hectares. Un très petit nombre seulement sont exploitées, soit par l’absence de tout métal, soit à cause de leur situation dans des montagnes impraticables, soit par le manque de fonds. Au Laurium, on exploite le zinc et le plomb ; il y a deux exploitations, la française et la grecque, sans compter la société Nicias, qui extrait du minerai de fer, et celle du Sunium. A Milo et à Siphnos, on extrait du plomb et du zinc, du zinc à Antiparos. Le minerai de fer de Sériphos, un des meilleurs qu’on possède, est expédié à l’étranger. Outre les métaux, la Grèce fournit différentes substances minérales, des lignites exploités à Goumi en Eubée, du soufre à Milo, des pierres meulières et du plâtre dans cette même île ; l’émeri de Naxos est connu dans tous les pays.