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Tous ces établissemens réunis ne permettent pas de dire que la grande industrie existe en Grèce, ni que les Grecs soient jusqu’à présent un peuple industriel. On voit au Pirée, à Volo et ailleurs des usines à vapeur ; mais ni un moulin à vapeur, ni une petite papeterie, ni une fabrique de meubles ne peuvent être tenus pour de grands établissemens industriels. C’est là la moyenne industrie, où la force utilisée est petite. Les fabriques d’Ambélakia n’employaient que la force humaine ; toute la filature s’y faisait à la main ; il y avait là néanmoins une grande industrie. Seulement, il est vrai de dire que, lors même qu’elle eût échappé à la faillite autrichienne et aux fureurs d’Ali-Pacha, elle n’aurait pas pu tenir devant les mule-jenny et les autres métiers à filer inventés un peu plus tard en Occident. Nous ne pouvons pas au surplus assimiler l’état grec à la France, à l’Angleterre ou à l’empire d’Allemagne. Les industries grecques n’ont pas pour but de fournir de leurs produits le monde entier, mais plutôt de répondre à des besoins locaux et de soustraire le pays à de nombreux tributs qu’il paie à l’étranger. Pour tous les ouvrages qui dépassent son outillage actuel, il les commande au dehors.

Pour activer ces efforts, on vient de construire à Athènes, près des ruines du temple de Jupiter Olympien, un palais pour les expositions industrielles. Cet édifice, élevé aux frais d’un riche Hellène, M. Zappas, peut servir à différens usages ; tous les quatre ans, l’exposition des produits du pays y est faite et permet d’apprécier les progrès accomplis dans chaque genre ; elle sert, en même temps, de préparation aux envois qui sont faits à l’étranger, quand on y ouvre quelque exposition universelle. Mais il est clair que ni l’agriculture, ni les industries locales ne pourront prospérer, tant qu’un réseau de communications ne sera pas établi. Le Pirée a vu se créer des usines à vapeur, parce que le Pirée est une assez grande ville et un port de mer ; les minerais du Laurium et de quelques îles ont pu donner lieu à une exploitation, parce que le rivage est à proximité. Mais, en compensation, nous avons un dans l’intérieur du Péloponnèse, le vin à un centime la bouteille et le raisin laissé sur la vigne parce qu’on ne pouvait pas l’exporter. Depuis lors on a fait quelques routes et les prix se sont relevés. Mais il y a dans l’intérieur de nombreuses et puissantes forces motrices perdues faute d’emploi et des richesses minérales dont le transport est impossible quant à présent.

Les Grecs ont bien le sentiment de ces nécessités. Ils ont créé depuis quelques années au budget de l’état un fonds spécial pour les routes. Mais on m’assure que cette dotation ne fonctionne pas très régulièrement ; des besoins d’un ordre supérieur ont fait passer