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une revue ; aussi me bornerai-je à l’effleurer. C’est pourtant le plus grand desideratum de l’hygiène urbaine, dans les villes de France surtout. Si nous sommes en retard sous ce rapport, cela tient à ce qu’on n’est pas encore parvenu à s’entendre sur le point capital, et partout on attend que l’accord se fasse sur les principes, avant d’entrer dans la voie des applications. La question passionne depuis quelques années le camp des hygiénistes et se le partage. Elle a été agitée dans tous les congrès; elle a été portée devant toutes les sociétés savantes que le sujet concerne ; elle est pendante devant la commission supérieure de l’assainissement de Paris, instituée par l’arrêté ministériel du 28 septembre 1880, et tous les organes de la presse s’en sont occupés. Ce labeur n’a pas été complètement stérile; un pas important a été franchi; les fosses fixes et les appareils diviseurs sont aujourd’hui condamnés par tout le monde et destinés à disparaître. La divergence ne porte plus que sur un point. Les uns se prononcent pour une canalisation unique, recevant à la fois les eaux pluviales, les eaux ménagères, les balayures et ces produits tout spéciaux que les hygiénistes désignent aujourd’hui, par euphémisme, sous le nom de matières usées. Le second exige, pour ces dernières, une canalisation spéciale. Dans le premier système, généralement connu sous le nom de tout à l’égout, et qui fonctionne à Londres, à Bruxelles et à Berlin, les eaux entraînent toutes les impuretés dans un courant rapide et vont les répandre sur des terrains sablonneux qu’elles fertilisent, en s’épurant elles-mêmes. Ce moyen rapide et expéditif d’entraîner à la fois hors de la ville tout ce qui ne doit pas y séjourner suppose un réseau complet d’égouts parfaitement étanches, doués d’une pente suffisante et appropriés à cette destination. Il exige de plus une quantité d’eau considérable (dix litres par jour et par personne pour ce seul service), et une étendue de terrains sablonneux proportionnelle à la masse des eaux qu’ils doivent recevoir, et par conséquent considérable, lorsqu’il s’agit d’une grande ville. Dans le second système, les eaux pluviales et les eaux ménagères sont seules livrées aux égouts. Le reste, représentant à Paris un volume de 3,000 mètres cubes par jour, est conduit par une canalisation particulière jusqu’aux réservoirs et aux usines à transformation placées en dehors des villes. Le transport s’opère tantôt par aspiration, comme dans les systèmes Lienurr et Berlier, tantôt par pulsion à la faveur de l’air comprimé, comme dans le système Shone. Dans tous les cas, il nécessite la présence, autour des centres de population, de ces établissemens infects contre le voisinage desquels on a de tout temps protesté.

J’ai promis de ne pas m’appesantir sur ce sujet, et je m’en dispense