d’autant plus volontiers qu’il s’écarte un peu de celui que je traite. C’est surtout aux petites villes que je songe, et la question n’a été jusqu’ici traitée que pour les capitales et les villes de premier ordre. L’application de ces systèmes, quel que soit celui qu’on adopte, exige de telles dépenses que les localités de second ordre ne peuvent pas y songer. On peut juger de ce qu’il coûte par les frais que l’entretien de la voirie entraîne à Paris. Cette ville a maintenant un réseau souterrain de 1,175,196 mètres, dans lequel les égouts figurent pour 833,702 mètres. Il en manque encore 387,000. Or les égouts de premier ordre, comme le grand collecteur, reviennent à 300 francs le mètre courant, ceux de 2m,30 de hauteur coûtent de 100 à 120 francs et les plus petits 80 francs. La partie qu’il reste à creuser entraînera une dépense de 40 millions. L’entretien du réseau actuel, avec ses 940 égoutiers, ses 20 bateaux vannes et ses 50 wagons vannes, coûte 365,000 francs par an, soit 1,000 francs par jour. L’enlèvement des 2,000 mètres cubes de balayures désignées, en langage technique, sous le nom d’ordures ménagères et que la grande ville produit par jour, emploie 600 tombereaux et coûte 5,362,027 francs. En résumé, l’entretien et le nettoiement de la voie publique figurent au budget municipal pour une somme de 18,212,600 francs. Eh bien ! si l’on tient compte de la population des autres villes de France et de leurs revenus, on verra qu’il n’en est qu’un très petit nombre qui puissent soutenir des charges proportionnelles à celles de Paris. La propreté de cette immense ville ne laisse que très peu de chose à désirer; ses quartiers élégans et riches sont admirablement tenus, et je connais peu de capitales qui puissent, sous ce rapport, rivaliser avec elle ; mais les dépenses que cet entretien exige sont hors de toute proportion avec les ressources des villes de province; aussi la plupart d’entre elles n’ont-elles qu’un réseau d’égouts très incomplet. Bordeaux, l’une des plus propres et des mieux entretenues de France, n’a que 52 kilomètres d’égout pour une longueur de rues de 220 kilomètres. Il n’y a donc que le quart de la ville qui en soit pourvu. Marseille n’en avait pas du tout, il y a quarante ans. Les eaux pluviales et ménagères s’écoulaient par les rues et entraînaient toutes les impuretés de la ville dans le Port-Vieux, qui en était le réceptacle. Aujourd’hui, on a construit quelques canaux qui déversent leur contenu dans le Port-Vieux ou dans le canal des Douanes. Toulon n’en a qu’un vestige, celui du boulevard de l’Égoutier. Les autres villes sont à l’avenant. Elles se contentent, en général, de deux ou trois grandes conduites dans lesquelles se rendent les ruisseaux, et les petites n’ont parfois qu’un seul canal à ciel ouvert, qui emporte à la mer ou à la rivière
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