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LES
DÉBUTS D’UN PROTECTORAT

LA FRANCE EN TUNISIE.

La conquête de l’Algérie a été une succession de combats meurtriers ; la fièvre, l’insolation, le choléra, ont emporté par milliers les soldats qu’épargnaient les balles ou le yatagan des Arabes ; elle nous a coûté des milliards, elle nous coûte encore aujourd’hui, mais nous en sommes fiers et à juste titre, car notre armée s’est montrée une fois de plus héroïque dans cette guerre interminable, et la terre d’Afrique devenue française est bien belle ; on ne pense aux sacrifices qui lui ont été prodigués que pour lui trouver plus de prix.

M. Camille Rousset poursuit, ici même, depuis deux ans, sur les commencemens de cette conquête, une étude bien instructive et qui fait comprendre à ceux qui n’étaient pas nés avant 1848 que la France y ait regardé à deux fois avant d’entreprendre sur un nouveau terrain une seconde lutte contre les Arabes. Elle s’y est décidée pourtant; notre drapeau, si péniblement planté dans les provinces d’Alger, d’Oran, de Constantine, flotte aujourd’hui sur toutes les villes de la Tunisie, depuis les sommets de Carthage jusqu’aux oasis. En moins d’une année, cette seconde expédition était complètement terminée : elle a failli l’être en trois semaines. Non-seulement notre occupation est depuis cinq ans un fait accompli, mais