plaine d’Oran. Sous les tentes demeurées fidèles au vieux Moustafa le retour des Douair et Sméla dissidens fut célébré comme celui de l’enfant prodigue ; l’on se promit de faire bientôt payer aux partisans d’Abd-el-Kader la dépense des festins où la réconciliation fut scellée de part et d’autre.
Par El-Mzari le maréchal Clauzel apprit exactement ce qu’était devenu et ce qu’avait fait Abd-el-Kader depuis sa défaite. La destruction de Mascara n’avait pas été si complète qu’on aurait pu croire, la pluie qui avait rendu si pénible la marche de l’armée française ayant suffi pour éteindre la plupart des incendies; une grande partie des hadar étaient rentrés dans la ville et la famille d’Abd-el-Kader s’était établie dans le faubourg d’Aïn-Beïda. Quant à l’émir, avec ce qui lui restait d’infanterie régulière et de cavaliers, il s’était porté chez les Beni-Chougrane, dont la fidélité paraissait douteuse, leur avait imposé, les avait ralliés sans trop de peine à sa cause, et sa petite armée, accrue de leur goum, était venue camper sur l’Habra. On y comptait environ sept cents hommes de pied et deux mille chevaux; mais ce n’était qu’un noyau qui grossissait tous les jours. Le maréchal eut bientôt d’ailleurs plus pertinemment encore de ses nouvelles. Le 28 décembre, les Douair et les Sméla furent tout à coup attaqués dans la plaine de Mléta et perdirent quelques têtes de bétail. Ainsi, trois semaines après sa défaite, Abd-el-Kader tenait la campagne et venait braver jusque sous les murs d’Oran les Français qui n’étaient pas encore en mesure d’en sortir. « Si celui qui a le moins de besoins et qui y pourvoit le plus vite est celui qui fait le mieux la guerre, a dit le duc d’Orléans, peut-être l’émir dut-il croire à sa supériorité sur les Français. » Il était sans doute trop intelligent pour y croire, mais il lui importait que les Arabes eussent de leur chef et d’eux-mêmes cette opinion et cette créance. Ce fut pourtant dans ces conditions toutes favorables à l’émir que le maréchal Clauzel, cédant aux insinuations du juif Ben-Durand, frère de celui qui avait eu sur le comte d’Erlon une si fâcheuse influence, lui permit d’ouvrir avec Abd-el-Kader des pourparlers qui n’avaient aucune chance de succès. De part et d’autre, on cherchait à gagner du temps, du côté du maréchal pour achever les préparatifs de l’expédition, du côté de l’émir, pour la prévenir par un coup de main sur le Méchouar de Tlemcen. En effet, Abd-el-Kader s’y porta rapidement avec toutes ses forces, attira au dehors les coulouglis et leur coupa soixante têtes, puis courut au-devant des Angad du Tell qui venaient au secours des coulouglis et les mit en déroute; mais tous ses efforts échouèrent contre les murs du Méchouar.
Enfin, le 8 janvier 1836, le maréchal Clauzel avait organisé sa colonne d’un effectif de sept mille hommes en trois brigades ainsi constituées : dans la première, sous le général Perregaux, le