religieuse, mais n’offrent aucune des qualités actuellement requises pour une maison de détention ; depuis longtemps ces vieilles masures, aménagées vaille que vaille, pour une destination à laquelle elles n’étaient point préparées, auraient dû être jetées par terre. La préfecture de police qui la gouverne n’y peut rien ; elle n’est que pouvoir exécutif, elle n’ordonnance point son budget, elle accepte celui qu’on lui impose, quand elle n’est point obligée de faire annuler, par l’autorité supérieure, les délibérations maussades qui le lui refusent : mieux que personne, elle connaît les inconvéniens de cette prison détestable, et il faut toute sa vigilance, tout le dévoûment de son personnel spécial pour y remédier à peu près. Que l’on en juge. Sous le même toit, entre les mêmes murailles, dans le même air contaminé sont enfermées les prévenues, — Les détenues, — Les filles publiques en punition administrative, — Les filles mineures gardées à la correction paternelle en vertu d’un jugement ou d’une ordonnance du premier président du tribunal de première instance, — quelques vieilles femmes reçues en hospitalité. Ce n’est pas tout. L’infirmerie est un lazaret, on y conserve en quarantaine et jusqu’à guérison certaines espèces de femmes atteintes de maladies contagieuses. Elle est toujours pleine, mais on peut la décupler et la remplir, jamais elle ne se refermera sur toutes celles qui devraient y être et qu’une campagne odieuse, criminellement menée contre le service des mœurs, veut rendre à la liberté, comme si l’on avait rêvé d’en faire des agens d’insalubrité, d’épidémie et de corruption. Toutes ces malheureuses vivent dans des divisions séparées que des grilles isolent les unes des autres. Il suffit d’avoir étudié les prisons pour savoir que le système cellulaire le plus rigoureux n’empêche pas les détenus de communiquer entre eux. On peut juger d’après cela ce qui se passe à Saint-Lazare ; un vent de dépravation souffle à travers les clôtures, flétrit les âmes, dessèche les cœurs et brise souvent de pauvres créatures qui n’avaient été que courbées par les ouragans de la vie. J’ai visité jadis cette prison, je l’ai étudiée en tous ses détails, avec le directeur, avec la supérieure des sœurs de Marie-Joseph, avec les médecins ; j’en suis sorti écœuré et, — pourquoi ne pas l’avouer ? — avec une pitié sans pareille pour les misérables, pour les infortunées qu’on semble prendre à tâche de repousser dans le vice, lors même qu’elles voudraient lui échapper.
Tous les efforts que, depuis plus de trente ans, la préfecture de police a faits pour obtenir qu’une nouvelle prison destinée aux femmes, moralement, hygiéniquement aménagée, fût mise à sa disposition, ont échoué. Mauvais vouloir de l’autorité supérieure, difficultés d’argent qui sont les pires de toutes en matière