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les vautours, et leur œuvre d’absorption est plus rapide que si des millions de vers s’en chargeaient. Rien n’est plus parfait ni plus sain que notre manière de faire. Dans ces cinq Tours du Silence que vous avez vues à Bombay se trouvent les ossemens des Parses qui ont vécu dans cette ville depuis deux siècles : vivans ou morts, nous ne faisons qu’un tout. »

Il est rare qu’un peuple religieux n’ait pas pour ses morts des attentions pieuses. Les descendans des Mages, croyans par excellence, ne font pas exception à la règle.

Pendant la première année qui suit leur décès, on célèbre presque journellement, dans leur ancienne demeure, une cérémonie commémorative. Mais c’est surtout pendant les dix derniers jours de l’année, paraît-il, que les trépassés exigent que l’on s’entretienne avec leurs âmes par la prière. Les survivans croient entendre leurs plaintes dans un meuble qui craque, dans le vent qui gémit, une mer qui gronde. — « Qui prie pour nous ? murmurent-elles. Qui nous fera des offrandes ? Quel est celui de nos parens qui nous apportera des vêtemens et de la nourriture ? » Aussi, dans ces dix derniers jours de l’an, les maisons de ceux qui ne sont plus s’emplissent de fleurs et de fruits, les plus beaux de la saison.

Il ressort de ces usages une nouvelle preuve que les disciples de Zoroastre croient à l’immortalité de l’âme et à l’existence d’une divinité. Ce spiritualisme les rend encore plus intéressans à ceux qui espèrent que tout ne finit pas avec la mort.


EDMOND PLAUCHUT.