Il n’est pas, pour un disciple de Zoroastre, d’œuvre plus méritante que celle d’offrir à ses coreligionnaires un terrain et d’y élever, à ses frais, une Tour du Silence. Mais ce n’est pas peu de chose
que de consacrer un morceau de terrain aux inhumations. Le
cercle sur lequel s’élèvera la tour est indiqué, tout d’abord, par des
pieux en fer liés entre eux au moyen d’un fil. Dans cette enceinte,
longtemps avant de commencer la construction, les prêtres prient
pendant plusieurs jours, car une infraction aux lois de Zoroastre va
se commettre. Ces lois, comme je l’ai dit, défendent de mettre les
morts dans la terre, pratique considérée, par le prophète, comme
nuisible aux survivans. On prie l’ange gardien des âmes, le génie
de la terre, les archanges, et enfin Ahura-Mazda. « O Dieu, s’écrient
les prêtres, quoique sachant parfaitement qu’il est défendu de souiller la terre par le contact des morts, nous te supplions de nous
permettre de déposer sur cet emplacement les corps dont les
âmes quittent ce monde pour un autre monde inconnu ! » Pourquoi,
dira-t-on, des pieux en fer et des fils les unissant ? Parce que le fer
est moins susceptible de contagion que le bois, et que la hauteur
où les fils sont placés indique la distance qui séparera les morts de la terre.
Rien n’égale l’horreur qu’éprouvent les Parses pour un cadavre. Un contact avec un corps mort est une souillure qui ne peut se laver. Reste le côté hygiénique, et les Parses croient en cela avoir un système meilleur que le nôtre. La crémation leur conviendrait assez, mais le feu, d’après la loi du prophète, leur interdit de l’employer à brûler une chose impure.
M. Monier Williams, professeur de sanscrit à l’université d’Oxford, a visité, il y a peu d’années, la Tour du Silence, qui s’élève à Bombay pour la colline Malabar. En manifestant, très haut, son horreur sur la façon dont les Parses exposaient leurs cadavres, il s’attira, de la part de M. Nasarvanji Merampi, le secrétaire de leur communauté, la réponse que voici : « Notre prophète Zoroastre, qui a vécu il y a environ trois mille ans, nous a enseigné à considérer les élémens comme des emblèmes de la divinité. La terre, le feu, le fer, a-t-il dit, ne doivent jamais être souillés par de la chair en putréfaction. Nus, dit-il encore, nous sommes venus au monde, et nus nous devons le laisser. Mais les débris de nos corps seront dispersés et anéantis aussi rapidement que possible, et, à un tel point que, ni notre mère la terre, ni les êtres qui s’y trouvent n’en puissent être atteints à aucun degré. En fait, notre prophète a été l’homme le plus savant de ce monde, et, suivant ses indications, nous avons construit nos cimetières au sommet des collines, au-dessus des habitations humaines. C’est Dieu qui envoie