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Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 80.djvu/648

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du général que les choses en vinssent à ce point; » et, en bas de la même page, il s’écrie : « Le général fut abasourdi de la nouvelle. La rage et la fureur le saisirent tout à coup. Les yeux étincelans et la bouche écumante, ce n’était qu’avec une espèce de terreur qu’on le voyait, tantôt courant d’un bout de sa chambre à l’autre, tantôt se culbutant sur son lit comme un désespéré, tantôt criant à pleine voix, tantôt gémissant et pleurant comme un enfant. Il donne à craindre pour son cerveau. » Ici le mensonge n’est plus seulement odieux, il est ridicule. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire la proclamation de Lally aux troupes révoltées et la déposition de Crillon.

Le père Lavaur décrit les fouilles opérées dans les maisons pendant le cours du siège de Pondichéry. C’est d’abord une peinture lyrique du pillage que Lally ordonne en furieux, a des violences, des recherches forcées, des vols, des portes enfoncées, des meubles enlevés, des marchandises transportées, enfin le sac de Pondichéry par une soldatesque sans frein. Les soldats s’approprient tout ce qui leur tombe sous la main. » Et quelques lignes plus loin, le père Lavaur déclare tout le contraire : « On doit dire, s’écrie-t-il, à la gloire des soldats autorisés à fouiller dans les maisons, qu’ils n’en abusèrent pas, et que le général trouva mauvais plus d’une fois qu’ils n’usassent point de la liberté qu’il leur avait donnée. » Ce n’est pas tout. Tantôt il représente Lally comme ordonnant le pillage, s’écriant : « Admirez le désintéressement de mon soldat, il ne veut pas piller les maisons que je lui abandonne à discrétion. » Tantôt, au contraire, il le montre « lançant les ordres les plus sévères contre tous ces désordres. »

Selon la page, Lally est tantôt un ami indulgent pour les Anglais, tantôt leur adversaire le plus cruel : « l’ennemi profitait de la bonne volonté dont M. de Lally lui donnait tant de preuves. Le général ménageait les Anglais; il avait des bontés pour eux. » Au verso, on lit avec étonnement : « Le général était enchanté de consterner les Anglais. Les dispositions où il était ne faisaient qu’animer les ennemis à la plus vigoureuse résistance. Ils aimaient mieux. e faire massacrer sur la brèche que de tomber entre les mains de Lally. »

Est-il question de l’investissement de Pondichéry, des contradictions aussi fortes s’étalent cyniquement: «Lally se voyait, non sans complaisance, à même de ne laisser aux habitans que des yeux pour pleurer. Après la prise des limites, il eut soin que la joie qu’excita en lui une pareille vue n’éclatât point au dehors... L’ennemi commença à tirer; M. de Lally ne put s’empêcher d’en marquer son allégresse. » Quelques alinéas plus loin, le général est au contraire peint sous les traits d’un homme accablé, navré