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aux mêmes chiffres dans leurs rapports au conseil municipal, et Mgr Freppel les a adoptés dans le discours qu’il a prononcé sur le même sujet, le 27 janvier 1887, à la chambre des députés, pour appuyer la même thèse. La commission d’hygiène a émis de plus l’avis d’interdire les classes supplémentaires, sauf celles du jeudi matin, et de réduire le travail fait à domicile à une heure par jour pour les élèves du cours moyen, et à une heure et demie pour ceux du cours supérieur. Elle a été plus loin pour les écoles maternelles, en proposant d’abaisser la durée des classes à deux heures pour les enfans de deux à quatre ans, à deux heures et demie pour ceux qui ont plus de six ans révolus[1].

On ne peut qu’applaudir aux conclusions de la commission, aussi bien qu’à celles qui concernent les récréations, les exercices, les repos et les promenades. Le rapport de M. Javal est le document le plus important et le plus complet que nous possédions sur l’hygiène scolaire. Les réformes qui y sont réclamées sont d’autant plus urgentes, ainsi que l’a fait observer Mgr Freppel, que l’enseignement primaire est obligatoire aujourd’hui, que personne ne peut s’y soustraire, et que le nombre des enfans instruits dans les écoles primaires joint à celui des écoles maternelles, s’élève cette année à près de cinq millions, d’après les chiffres énoncés à la tribune, le 23 janvier, par M. le ministre de l’instruction publique, à l’occasion de la discussion de son budget[2].

L’enseignement secondaire n’a pas moins d’intérêt à mes yeux. S’il n’est pas obligatoire comme l’autre, il n’est guère possible aux familles aisées d’y soustraire leurs enfans, puisqu’il ouvre l’accès de toutes les carrières et qu’il est la condition forcée de toute éducation sérieuse. Il se donne à l’époque critique de l’existence, au moment où se forme la constitution des enfans, et il l’absorbe tout entière. Cette période décisive de l’éducation commence en moyenne à neuf ans et finit à dix-huit. Elle comprend, par conséquent, la seconde enfance et la majeure partie de l’adolescence, ce qu’on a coutume d’appeler les belles années de la vie. Elles le seraient, en effet, si les sévices d’une éducation forcenée ne venaient pas les assombrir.

Pendant ces neuf années, l’écolier est soumis au régime suivant : il a vingt heures de classes par semaine, c’est-à-dire quatre heures par jour, en tenant compte des deux jours de congé. Les élèves des écoles préparatoires ont, de plus, une classe de deux heures le jeudi. Les internes, dans les lycées, ont, en dehors des classes, sept

  1. Javal, Rapport d’ensemble de la commission d’hygiène des écoles primaires et des écoles maternelles. Paris, 1884 ; Imprimerie nationale.
  2. Discours prononcé par M. Berthelot, ministre de l’instruction publique, à l’occasion de la discussion du budget. (Journal officiel du 24 janvier 1887.)