viennent s’ajouter, dans le système de Gribeauval, à son œuvre essentielle :
1° Cartouches à boulet. — Le mode de chargement des pièces s’était un peu perfectionné dans les derniers temps : on ne se bornait plus, comme autrefois, à faire suivre l’artillerie par des tonneaux où les canonniers puisaient la poudre au moyen d’une lanterne qu’ils introduisaient ensuite avec précaution dans l’âme de la pièce. Dès 1741, quelques officiers s’étaient avisés d’employer des gargousses ou sacs à papier chargés d’avance, et l’usage en était devenu général à la fin de la guerre de la succession. Mais il restait à trouver le moyen de réunir le projectile à la poudre. Le problème est résolu par l’invention d’un ingénieux mécanisme où le boulet, relié par des bandelettes de fer-blanc à un sabot de bois, rattaché lui-même au sachet de serge contenant la poudre, fera désormais corps avec elle.
2° Caissons. — La création de nouvelles voitures, aussi mobiles que les pièces elles-mêmes, et disposées de manière à recevoir les munitions ainsi préparées, était la conséquence nécessaire des précédentes réformes. Gribeauval imagine un caisson à compartimens, monté, comme la nouvelle artillerie, sur des essieux en fer et sur de hautes roues de devant, où les projectiles, maintenus chacun dans leur case par des bourrelets d’étoupe et garantis de l’humidité par une bonne fermeture, pourront être impunément secoués et transportés sur le champ de bataille avec une grande rapidité.
3° Obusiers et mortiers. — L’obusier de campagne adopté depuis longtemps par plusieurs puissances, notamment par l’Angleterre et par la Hollande, avait été repoussé par Vallière et n’existait guère qu’à l’état d’exception chez nous. C’était une lacune : Gribeauval la répare en introduisant dans nos équipages de campagne un obusier non plus de 8, mais de 6 pouces.
Les mortiers de 12 pouces du système Vallière avaient été reconnus incapables de résister à plus de soixante coups et de porter la bombe au-delà de 800 toises. Ils sont remplacés par des obusiers de 10 pouces, plus résistans et portant la bombe au-delà de 1,200 toises.
4° Pointage. — La méthode de pointage était encore fort arriérée : elle consistait uniquement à faire passer la ligne de tir par les points les plus élevés de la culasse et du bourrelet. La hausse est inventée pour « donner à nos pointeurs des lignes de mire artificielles à diriger sur le but, aux distances plus grandes que la distance du but en blanc[1]. »
- ↑ Favé.