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Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 81.djvu/668

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lesquelles les aptitudes militaires priment absolument les aptitudes exclusivement médicales. Ces situations commencent avec le grade de médecin principal. La médecine militaire dirigeant elle-même ses services, le grade de principal comporte d’importantes fonctions de direction. S’il est à la tête d’un hôpital, il doit s’occuper de l’installation, de l’alimentation de tous les malades, du fonctionnement d’un assez nombreux personnel de médecins, d’infirmiers, de soldats d’administration. S’il est à la tête du service d’une division, d’un corps d’armée, sa mission est plus difficile encore, puisqu’il lui faut régler tout le service médical dans les marches, les campemens, les combats. Pour cela, il faut une connaissance des choses militaires, une expérience particulière qu’on n’obtient que par une longue pratique et qu’il est impossible d’acquérir par des stages successifs et temporaires dans l’année. Par conséquent, nous devons poser ici cet autre principe, c’est que le médecin de la réserve, quelles que puissent être sa valeur médicale, sa situation dans la science, ne peut avoir, avec le grade de médecin principal, les fonctions que comporte ce grade, parce que ces fonctions, il est incapable de les remplir.

Si un médecin autre qu’un médecin militaire de la carrière ne peut avoir les fonctions de médecin principal, que peut-on faire quand la mobilisation incorpore à l’armée des médecins civils auxquels on ne peut donner un grade inférieur sans leur faire injure, et surtout sans diminuer les services qu’ils peuvent rendre ? Que peut-on faire si l’on se trouve en présence de médecins, de professeurs titulaires de faculté ayant passé l’âge de la mobilisation, mais voulant mettre leur science au service de l’armée et auxquels on ne pourrait légitimement offrir d’autre grade que celui d’inspecteur, les uns et les autres étant cependant incapables de remplir les fonctions militaires que paraissent comporter ces grades ? La réponse est facile. C’est seulement par leur valeur scientifique que ces médecins méritent ce grade ; donnez-leur le grade, mais ne leur donnez que des fonctions scientifiques. Ils n’ont pas l’aptitude aux fonctions militaires que comporterait le grade, laissez-leur le grade, mais ne leur donnez aucune action, aucune fonction militaire. C’est ainsi que l’Allemagne, pour le plus grand bien de son armée, pour la sauvegarde et le salut de ses blessés, a résolu le problème, en créant en temps de guerre les chirurgiens consultans, en leur donnant, par l’ordonnance du 29 avril 1869, le grade de chirurgien-général de corps d’armée, en ne leur donnant que des fonctions scientifiques, à l’exclusion de toute direction purement militaire.

L’Allemagne a fait plus : elle a trouvé le moyen de créer