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l’homogénéité absolue de la médecine militaire et de la médecine civile réunies, dans l’armée, par la mobilisation. Elle a trouvé le moyen de permettre aux médecins civils d’acquérir les connaissances militaires nécessaires au médecin, en temps de guerre. En soumettant les uns et les autres à des examens spéciaux identiques, elle a permis à tous les médecins civils soumis à la loi militaire d’acquérir, comme les médecins militaires, ce grade de chirurgien-major que la loi française ne permet qu’à ceux pour lesquels l’offre du grade est une atteinte portée à leur situation scientifique. Je crois donc faire une œuvre utile en donnant un aperçu de cette organisation que j’ai tout lieu de croire trop peu connue en France.

L’organisation actuelle de l’armée allemande a été établie par le Verordnung du 6 février 1873. Je n’en rapporte que les principales dispositions et seulement celles afférant à notre sujet :

« Les médecins volontaires d’un an, à l’expiration de la durée de leur service dans l’armée active, reçoivent du médecin-général du corps d’armée un certificat (Qualifications-Attest) qui spécifie si, pendant leur temps de service, ils se sont montrés dignes d’être promus dans le corps de santé (art. 5).

« Si le médecin volontaire d’un au désire être promu dans le corps de santé, il doit posséder le certificat susmentionné et, après un mois de service, il est proposé, par le médecin-général du corps d’armée, au médecin-général-major de l’armée, pour l’emploi de sous-aide (Unter-Arzt)… Avant son placement définitif il doit, bien qu’il ait déjà servi un an comme médecin volontaire, signer l’engagement de servir une année au moins comme médecin dans l’armée active (art. 6). »

Jusque-là, le médecin sous-aide, qui n’a que le rang de porte-épée, n’est pas officier, et ne fait pas, à proprement parler, partie du corps de santé. Pour y entrer, il lui faut obtenir le grade de médecin aide-major de deuxième classe (Assistenz-Arzt), qui lui donne rang de lieutenant en second.

Ici, nous allons rencontrer une disposition qui paraîtra, à beaucoup de nos concitoyens, assez singulière, mais qu’on ne peut qu’approuver, parce qu’un corps d’officiers est comme une grande famille, et que cette disposition sauvegarde le corps contre l’intrusion de collègues dont l’honorabilité pourrait donner lieu à des soupçons. C’est une sorte d’élection, et les membres du corps de santé sont les électeurs : « Les médecins sous-aides du service actif, lorsqu’ils sont en possession du diplôme professionnel (Arzt), et qu’ils ont fait trois mois de service dans un corps de troupe, peuvent, sur la proposition de leur chef médical le plus élevé en grade, et après approbation écrite du commandant militaire, être