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LE
SALON DE 1887

II.[1]
SCULPTURE.

Si les peintres nous désolent quelquefois, les sculpteurs nous consolent souvent. Ce n’est pas qu’il n’y ait aussi chez eux, çà et là, des symptômes de désordre inquiétant et des tentatives d’innovations malheureuses, mais, en somme, le mal n’y est pas contagieux. Dans son ensemble, leur troupe, compacte et résolue, formant l’oreille aux tentations de l’industrie et de la mode, marche, d’un pas régulier, vers un idéal de Vérité et de Beauté dont les peintres n’ont plus guère souci. Bien qu’ils soient trop accueillans et qu’ils admettent, dans leur jardin vert, plus de bonshommes mal plantés et de bustes grotesques qu’il n’en faudrait en bonne compagnie, c’est encore autour de leurs massifs fleuris que le promeneur, cherchant les beaux rêves, a le plus de chance de rencontrer une œuvre achevée et complète, une œuvre sérieusement méditée et soigneusement exécutée, qui ne l’expose pas à des désillusions trop amères après une première et fugitive surprise des yeux, et lui

  1. Voyez la Revue du 1er juin.