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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Sur tous les marchés européens, la seconde moitié de juin a été une période de stagnation complète. La spéculation a pris congé, laissant le terrain au public du comptant. De là, peu de mouvemens de cours et encore moins d’affaires sérieuses. Le détachement du coupon trimestriel sur le 3 pour 100 n’a pas ramené l’activité; non-seulement il n’a été fait aucun effort en vue de la reprise du coupon, mais après quelques jours d’immobilité, c’est un mouvement en sens inverse qui a prévalu, et la rente a subi une assez brusque réaction de 0 fr. 50 dans les deux dernières Bourses. On cotait 82,05 avant le détachement du coupon; le dernier cours du 29 juin est 80.80.

Cette faiblesse est la résultante de causes diverses, les unes financières, les autres politiques. Il n’y a plus, en réalité, de spéculation en ce moment, bien qu’il y ait encore quelques spéculateurs sur la brèche. Le mois dernier, on a contraint un groupe de vendeurs très en vue et d’importance sérieuse à lâcher prise et à abandonner la partie. Ce résultat obtenu, les acheteurs sont restés en présence les uns des autres, n’ayant plus d’adversaires et fort embarrassés de leur victoire. La place engagée toute dans le même sens, et n’ayant point la ressource d’une contre-partie cherchant sa revanche, a dû se résoudre à un véritable chômage de transactions. De telles situations ne se dénouent que par un mouvement de recul qui n’a besoin d’être ni prolongé ni important pour procurer un allégement suffisant. Aujourd’hui, toutes les primes du mois sont abandonnées, et la réaction est arrivée sans doute à son point extrême, à moins que le report ne se tende exceptionnellement. En liquidation fin juin, l’argent se resserre toujours quelque peu. A Londres, les taux se sont légèrement relevés sur le marché monétaire; il est vrai qu’une bourrasque nouvelle sur la place de New-York y a pu contribuer pour une bonne part. Il a été fait en ce mois un certain nombre de grosses émissions avec des succès divers, et ces prélèvemens sur l’épargne, joints aux provisions que les compagnies et les gouvernemens ont dû faire pour le paiement des coupons en juillet, auront dans une mesure plus ou moins appréciable diminué momentanément les disponibilités.

Voilà pour la situation de place. Au point de vue politique, on a