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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet.

Ce qui arrivera de notre pays, de ses affaires et de ses intérêts de toute sorte, ce que deviendra la France si cruellement éprouvée depuis quelques années par la tyrannie des passions agitatrices, des entraînemens vulgaires et des idées fausses, nul certes ne peut le dire. Ce n’est point, bien entendu, que l’avenir d’une grande nation comme la nôtre puisse être irréparablement compromis par les imprévoyances et les excès des dominations éphémères de parti. La France est encore de force à se dégager victorieusement un jour ou l’autre de tout ce qui enchaîne son essor ou violente ses instincts, et à retrouver sa voie.

Ce qu’il y a d’évident, de certain pour le moment, c’est que, pendant quelques années, elle a été livrée aux expérimentations meurtrières, et elle s’en ressent dans ses intérêts alanguis, dans toute son organisation à demi décomposée. Un des plus alertes champions du radicalisme, grand ennemi du ministère qui s’est récemment formé, disait avec componction, il y a quelques jours, qu’il arrivait de province, qu’il avait trouvé le pays souffrant et inquiet des tendances du gouvernement, il pouvait bien parler ainsi : c’est une vérité qui ne date pas d’hier ni du nouveau ministère. Le pays souffre en effet et est inquiet, non pas des tendances du gouvernement, qui n’a pu rien faire de bien grave depuis un mois, mais de la situation que lui ont créée depuis quelques années les radicaux et les ministères complaisans des radicaux, avec leur politique d’impuissans agités et agitateurs. Le pays souffre et est inquiet de voir le gaspillage dans les finances, le déficit dans le budget, la délation introduite dans l’administration et dans les rapports locaux, les persécutions haineuses organisées contre les croyances, l’esprit de chimère et de