ridicule et les roses, les astres sont de moi… Je prie l’Être suprême tous les jours qu’il me conserve longtemps ma chère Colloredo. » Elle est résolue a à suivre les principes » de celle qu’elle appelait quelquefois sa chère maman ; elle tâchera au moins a de prendre l’ombre des qualités qui la font estimer de tout le monde. » On ne peut avoir de meilleures intentions.
Peut-être était-elle plus docile qu’appliquée ; elle convient elle-même qu’elle feuillette les livres plus qu’elle ne les lit. Elle a lu pourtant Athalie, qu’elle préfère aux romans d’Auguste Lafontaine. Elle n’a pas l’esprit engourdi ; elle se vante « de savoir un peu de neuf langues : l’allemand, l’anglais, le turc, le bohème, l’espagnol, la langue à rebours, de chiffres, l’italien, le français et la langue tachygraphique. » Elle a des dispositions pour le dessin, pour la musique. Elle brode des portefeuilles pour l’empereur François II, son père, et tricote un jupon pour Marie-Thérèse, sa mère. Un jour, elle écrira à la comtesse qu’elle lui doit d’avoir « l’amour de l’occupation. » Toute sa vie elle saura s’occuper, et toute sa vie elle saura s’amuser.
Il y a une bourgeoise aux goûts simples dans cette archiduchesse, et les grandes réjouissances, les galas, les fêtes royales lui conviennent moins que les plaisirs champêtres et tranquilles : « J’ai en bien du plaisir d’aller à la prairie d’Achau pour cueillir de la véronique pour faire du thé. Il n’y a pas un jour si heureux que j’ai passé dans ma vie que celui-là. » Trois ans plus tard, elle éprouve une joie plus vive encore : « Hier, il faisait fort beau temps ; j’ai étée promener avec papa et maman dans l’Altburger Au. Papa y a chassé et nous avons péché. Nous avons pris vingt écrivisses avec des lignes où il y avait un petit filet avec cinq ou six vers, et quand on voyait que cela irait, on prenait un petit filet et on tirait la ligne fort lentement dehors, puis on prenait le filet et on mettait la ligne dedans, et l’écrivisse était prise. » Ce n’est pas très clair, mais on s’amusa beaucoup. Elle aime les bêtes et leur prodigue ses soins. Elle constate avec bonheur que son lièvre commence à s’apprivoiser : « Il a mangé ce matin une feuille de chou dans la main de Laforêt… J’ai étée au moment de prendre une grenouille superbe, vert pistache ; mais elle est sautée dans le fossé qui est autour du vieux château. Je la regrette, car elle était la plus belle de toutes au monde ; peut-être que je la rattraperai. » Elle ne réussit pas à la rattraper, mais elle fut bientôt dédommagée de sa perte : « Hier, Kammerfrau m’a apporté quatre grenouilles ; j’en ai donné deux à ma sœur Léopoldine, et les autres, je les ai gardées ; elles sont fort belles, » Elle avait alors treize ans.
À mesure qu’elle grandit, ce qui frappe le plus dans cette blondine aux yeux bleus, c’est qu’elle est aussi prompte à s’émouvoir que prompte à s’apaiser. L’agitation ne gagne jamais les couches profondes de son cœur ; la surface se ride au moindre vent, mais les eaux du fond sont