Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 82.djvu/951

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 août.

Puisque le rideau est tombé sur la grande pièce, sur la représentation que les comédiens ordinaires du peuple souverain donnent au Palais-Bourbon et au Luxembourg, il faut bien s’occuper ou chercher des passe-temps. On en est quitte pour se dédommager en donnant des représentations d’un autre genre à Paris et en province. On prend sa revanche avec des intermèdes de toute sorte, avec les manifestations, les promenades, les discours, les excentricités, les incidens qui pourraient être tragiques, sans compter les incidens qui ne sont que comiques, pour ne pas dire burlesques. C’est proprement la politique de ceux qui n’ont rien de mieux à faire, ou de ceux qui jouent aux importans et ne veulent pas être oubliés, ou de ceux qui passent leur vie à s’étourdir eux-mêmes du vacarme qu’ils font, à se démener, en croyant qu’ils arriveront à être pris au sérieux. Ils ne s’aperçoivent cependant pas, tous ces agités des premiers jours de vacances, tous ces importans équivoques et ces impatiens de bruit, qu’ils ne sont pas du tout pris au sérieux, qu’ils gesticulent et se démènent dans le vide, qu’en dehors d’un petit monde restreint ils finissent par fatiguer ou ennuyer le pays, qui regarde leurs mystifications comme un spectacle d’ombres chinoises dont il n’a pas le secret. Le pays qui a ses affaires, ses préoccupations de travail, ses besoins de tranquillité, ne demande que la paix et des choses utiles, s’il se peut, de ces choses qui se font ou se préparent sans bruit. On se trompe étrangement si on croit l’intéresser ou l’amuser avec tous ces spectacles qu’on lui offre et toutes ces histoires qu’on lui a racontées depuis quelques jours, avec les pugilats anarchistes du meeting du Cirque d’hiver, présidé