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aux intermédiaires, plus on rapprochera le producteur d’engrais de l’acheteur. Donnez au producteur la facilité d’écouler rapidement ses marchandises, la certitude d’un prompt remboursement, vous lui procurerez un bénéfice énorme dont il trouvera tout naturel d’abandonner une partie à celui qui lui permet de le réaliser. Créée de toutes pièces, il y a quelques mois, l’organisation nouvelle comprend deux rouages : l’Union des syndicats des agriculteurs de France, présidée par M. le Trésor de La Rocque, le Syndicat central des agriculteurs de France, présidé par M. Welche, tous deux patronnés par la Société des agriculteurs de France. Ces deux associations, qui se complètent mutuellement, puiseront leur force dans leur impartialité, resteront étrangères à toute coterie, à toute société financière. Le marquis de Dampierre, président de la Société des agriculteurs de France, l’a déclaré formellement : « Loin de considérer comme des adversaires ceux qui ne s’uniront pas à nous, nous les regarderons comme des émules. Ceux-là seuls seront pour nous des adversaires qui voudront mêler à des questions d’affaires les passions de la politique dont la Société des agriculteurs de France a toujours voulu se tenir éloignée. » En dépit des programmes les plus alléchans, une société financière mettrait toujours les intérêts des actionnaires et des administrateurs au-dessus de l’intérêt réel des agriculteurs.

Le régime que nous proposons, disait M. Drouyn de Lhuys, est celui d’une confédération respectant l’économie de chacun des états qui la composent ; les bras réunis dans un même effort auront une puissance irrésistible, les lumières convergeront de toutes parts en un rayonnement qui frappera tous les yeux. Mettre les syndicats en relation les uns avec les autres, permettre à tous de profiter des offres de l’un, faire connaître à tous les demandes des autres, et cela moyennant une cotisation annuelle de 0 fr. 20 à 0 fr. 10 par membre, ainsi se résume le programme de l’Union. Elle ne veut pas qu’ils s’absorbent et se confondent, mais simplement qu’ils se garantissent les conditions de prospérité qui leur sont communes ; elle respecte le commerce loyal, mais aspire à supprimer une foule d’intermédiaires, véritables parasites de la production et de la consommation, à faire profiter l’acheteur de la différence entre le prix du gros et le prix du détail. Quant au syndicat central, il est à Paris l’instrument de l’Union, l’agent exclusif de ses ventes, de ses achats, de ses commandes, dispose d’un office dirigé par M. Sainte-Claire Deville, siégeant, 19, rue du Faubourg-Saint-Honoré, comprenant trois divisions : la première effectue les achats de toutes les matières premières utiles à l’agriculture : engrais, produits chimiques, pharmacie, épicerie, tourteaux, charbons, semences et plants, matériel agricole, animaux ; la seconde, investie du service des ventes, centralise les