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Depuis le commencement de ce siècle, de nouvelles expériences ont été poursuivies avec des appareils perfectionnés. Baily trouve un nombre un peu plus fort, 5.67 ; et, presque à la même époque (vers 1840), Reich installe ses instrumens au fond de la mine de Freiberg, afin d’obtenir une température bien constante : il trouve successivement 5.44, 5.49 et 5.58. Tout récemment enfin, la question est étudiée à nouveau par M. Cornu, professeur à l’École polytechnique, secondé par M. Baille, répétiteur de physique à ladite école. Sans parler des dispositifs d’ensemble, nos deux’ compatriotes, ayant à leur disposition un agent docile et exact dont étaient privés leurs devanciers, — c’est de l’électricité que nous parlons, — ont pu éviter les trépidations, qui sont fort nuisibles dans des expériences aussi minutieuses. Ils n’opèrent et n’observent qu’à distance, laissant la nature agir elle-même sans que l’intervention de l’homme vienne troubler son travail ; ce qui prouve leur succès, c’est le parfait accord des nombreuses séries de résultats qu’ils ont obtenus durant plusieurs années : leurs expériences donnent, pour la densité de la terre, 5.50.

Ce chiffre 5.50, qui représente une moyenne, mérite d’être étudié de près, et tout d’abord, notons-le, il est assez élevé. On peut objecter que l’or, le platine, le cuivre, le plomb, le fer même sont beaucoup plus lourds ; mais si l’on rejette ces corps infiniment rares à l’état libre, et si l’on ne considère que des substances communes, des minéraux usuels, on ne trouve nulle part une pesanteur spécifique aussi considérable. La densité de l’eau étant prise pour unité, le calcaire, le gypse ont une densité moyenne peu supérieure à 2. Le granit, base fondamentale du terrain primitif, approche du nombre 2.7 ; une roche éruptive, le basalte, est un peu plus pesante encore et va jusqu’à 3 ; mais si, pour certaines laves, il est permis d’ajouter encore quelques dixièmes, ce dernier chiffre n’en doit pas moins être considéré comme marquant une limite supérieure qu’aucune matière répandue en masses considérables ne peut franchir dans l’état actuel de nos connaissances. Inversement, grâce à une coïncidence purement fortuite, la densité de la terre est comprise entre celles de deux métalloïdes introuvables à l’état de pureté, l’arsenic (5.67) et le titane (5.30) ; pourtant nul n’ira supposer que nous habitans un monde bâti en titane ou en arsenic.

Examinée à ce même point de vue, la terre parait occuper un rang fort avantageux parmi les corps célestes que nous connaissons le mieux ; peut-être même que la première place doit lui être attribuée. Écartons tout d’abord le soleil et les quatre grosses planètes, et ne considérons que les planètes dites moyennes : Mercure, Vénus et Mars, en un mot les astres les plus voisins et les plus