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Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 83.djvu/152

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comparables au domaine de l’homme. Mars et Vénus ont des densités certainement inférieures à celle de la terre, celle de Mars étant 3.9 et celle de Vénus 4.5. Quant à Mercure, on lui attribue une densité qui dépasse 6 ; mais sa masse est encore mal connue, et il est possible que le chiffre en question ne soit pas exact.

N’oublions pas la lune, qui sert d’appendice à notre globe, mais qui, comme pesanteur de matériaux, ne lui ressemble guère, puisque leur densité n’équivaut qu’aux 3/5e du nombre 5.50, soit 3 environ. Or, d’une part, toutes les observations télescopiques sont d’accord pour manifester la constitution volcanique de la lune, et, d’autre part, le poids spécifique de toutes les roches éruptives, beaucoup plus denses que celles d’origine sédimentaire, se trouve précisément osciller dans le voisinage de 3. L’astronomie physique et l’astronomie mathématique conduisent donc, chacune de leur côté, à des résultats parfaitement conformes, ce qui, par parenthèse, n’a pas toujours lieu.

La partie de la croûte terrestre superficielle qu’ont étudiée les géologues et les minéralogistes est douée d’une légèreté qui ne cadre guère avec le chiffre élevé convenable pour l’ensemble du bloc, et, en somme, on ne peut attribuer à l’écorce une densité approximative supérieure à 2.25 ou 2.75. Sans doute, répétons-le encore, la pellicule externe visitée par l’homme est si peu de chose, que de ce seul défaut de condensation, lequel s’exagère encore si on tient compte de la masse des mers, on ne saurait conclure à bon droit qu’au centre la matière est plus pressée. Mais cette divergence a servi à attirer les regards des mathématiciens sur la théorie de la condensation interne, et c’est grâce à elle que les savans ont été conduits à classer presque au rang des vérités démontrées l’hypothèse d’un noyau lourd.

Dans le cours de ses travaux scientifiques, l’illustre Laplace ne négligea pas le problème du noyau du monde, et Legendre s’est aussi occupé de ce sujet intéressant ; mais, pour abréger, nous analyserons directement les travaux plus récens d’Edouard Roche, mort il y a quelques années, correspondant de l’Institut et professeur à la faculté des sciences de Montpellier. Ses calculs, fort élégans et relativement simples, s’appuient sur la discussion de deux élémens déterminés de nos jours avec une suffisante approximation : nous voulons parler de l’aplatissement terrestre et de la précession des équinoxes, comparés avec les poids spécifiques respectifs de l’ensemble et de la superficie, celui-là connu depuis les travaux de Cavendish, celui-ci approximativement déterminé par les observations géologiques. Rappelons en peu de mots en quoi consiste le phénomène de la précession : la ligne idéale autour