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ils ne sont que trop nombreux les exemples qu’on cite de cratères rallumés après un long repos !

Scrope a imaginé une autre explication, suivant laquelle, au-delà d’une certaine profondeur, les roches se trouvent dans un état perpétuel d’équilibre instable, tantôt liquides, tantôt solides, suivant que la température l’emporte sur la pression ou que la pression triomphe de la température. La chaleur est favorisée par l’accumulation de puissantes couches sédimentaires, et, d’un autre côté, partout où les rocs supérieurs sont fissurés ou soulevés, l’écrasement est forcément moins énergique. Peut-être que la première des causes citées est insuffisante, quoique l’astronome Herschel lui ai fait jouer un rôle capital ; mais les géologues qui ont invoqué la seconde semblent être tombés juste. Si une montagne surgit, les zones sous-jacentes sont décomprimées, et la masse, obéissant alors librement à l’influence dissolvante « du calorique, » entre en fusion ; ces filons de pâte brûlante accompagnent donc les axes d’élévation et débouchent extérieurement de place en place au moyen d’une file de cheminées.

Toutes les hypothèses que nous venons de passer sommairement en revue ont pour but d’expliquer, sans avoir recours aux doctrines ultra-plutoniques, comment de vastes foyers de chaleur ont pu prendre naissance dans la croûte de notre planète ou du moins s’y maintenir jusqu’à ce jour. Aucune d’elles, proclamons-le bien haut, ne mérite une confiance absolue, et toutes ont été vigoureusement attaquées. M. de Lapparent n’admet en aucune façon que les exhaussemens du sol aient pu dériver d’une cause aussi insignifiante, d’après lui, que le retrait des matériaux superficiels. Quant à M. Faye, il pense qu’actuellement la croûte est assez mince et assez élastique pour s’appuyer sur le noyau liquide et se contracter en même temps que lui ; mais, dans un avenir des plus lointains, l’écorce épaissie formera une voûte rigide, capable de retenir par son attraction les couches fluides. A partir de ce moment la diminution de volume, au lieu de se produire vers la circonférence, se manifestera au centre où l’influence de la gravitation est minima. Finalement, un vide au sein duquel la pesanteur n’agit pas s’élargit par degrés, et notre vieux monde refroidi n’est plus qu’une vaste géode, tapissée à l’intérieur de cristaux que jamais œil de minéralogiste ne contemplera.


V

Les savans des différentes écoles ne sont guère d’accord au sujet des conditions présumées dans lesquelles se trouvent les parties