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les ordres du grand-duc lui-même, pour assurer la liberté de la diète. On le dirigerait, soit sur les Pays-Bas, soit sur le Hanovre, suivant le désir qu’exprimerait le roi d’Angleterre. Nul doute que l’empire entier se portât avec élan à la suite du chef qu’il viendrait de donner. La distance, quelle qu’elle fût, serait plus rapidement franchie que celle qui séparait l’armée de Bohême des autres théâtres de la guerre. — « Craignait-on, cependant, le retard causé par les formalités de l’élection ? En ce cas, disait le mémoire, pour prouver combien le salut des Pays-Bas et l’accomplissement des désirs de ses alliés tiennent au cœur de la reine, elle ne balance pas de déclarer et d’assurer, tant en son nom qu’au nom de son royal époux, que, supposé qu’il ne fût pas possible de concilier l’affaire de l’élection avec le dit prompt secours et diversion, Elle et son Altesse Royale sont dès à présent pleinement déterminées à post-poser le premier objet au second, et cela sans qu’on ait le moindre petit retardement à craindre pour ce dernier. La reine ne saurait donner une preuve plus éclatante et moins équivoque de son zèle pour les intérêts et même pour les désirs de ses alliés. » — Le mémoire se terminait enfin par une sorte de sursum corda où l’on reconnaissait la main de la reine elle-même, rappelant les épreuves par lesquelles avait passé tant de fois la maison d’Autriche, et celles qu’elle avait elle-même traversées… — « Les affaires ne sont pas, disait-elle, aussi désespérées qu’on les représente… La reine a fait plus pour la cause commune que ses augustes prédécesseurs n’ont jamais fait ; elle continuera à y employer les mêmes soins que par le passé. Ces efforts et les soins joints à sa constance l’ont tirée, avec l’aide de Dieu, de périls infiniment plus grands que ceux d’aujourd’hui. La pureté de ses intentions, solidement pacifiques, est parfaitement connue à ce même Dieu, qui a tant de fois frustré les conseils et les espérances de ses ennemis, lors même qu’elles paraissaient bien mieux fondées[1]. »

Le refus étant sans réplique, Robinson dut se borner à le transmettre à sa cour sans commentaire. Mais, dans l’intervalle, les événemens avaient marché, et la situation devenait à Hanovre plus pressante d’heure en heure. C’était d’abord l’Ecosse entière qui, après quelque hésitation, se ralliait au drapeau du prétendant. Le nom de Stuart y était resté très populaire et se rattachait à tous les souvenirs d’une indépendance regrettée ; aussi une vive sympathie ne tarda-t-elle pas à se manifester envers le jeune héritier de cette race chérie, dès qu’on put s’apercevoir que le ministère de George, aussi

  1. Réponse à la proposition faite par M. le chevalier Robinson le 1er et le 4 août 1745. (Correspondance de Vienne. — Record office.)