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rez-de-chaussée et c’est tout ; larges baies, couloir très clair desservant les salles, boiseries et parquets en chêne, murailles en stuc poli comme du marbre, aération constante : c’est complet. Dans le sous-sol, on a installé les services domestiques : la chambre du machiniste, où sont les générateurs du ventilateur et du calorifère, la buanderie, le séchoir, la cuisine, les offices, le réfectoire et la pouillerie, où les vêtemens des enfans sont purgés de leurs scories et du reste. Au rez-de-chaussée, la salle des bains ordinaires, la salle des bains sulfureux, la salle des bains électriques, la salle d’hydrothérapie outillée avec prodigalité, la piscine d’eau salée, la salle de gymnastique, la salle du massage, la salle d’électrisation, les salles d’attente, les cabinets des médecins, la pharmacie. Rien d’étriqué ni de mesquin, tout est ample et a cossu ; » c’est du luxe solide, bien portant, où l’on chercherait en vain quelque chose de factice ou d’inutile. On voit que les instructions de la bienfaitrice ont été suivies à la lettre : « Vous ferez pour le mieux ; » et faire mieux eût été impossible. L’aspect des salles a quelque chose de doux et d’anormal qui m’étonne ; je cherche à m’en rendre compte. Je m’aperçois que tous les angles sont supprimés et remplacés par des lignes courbes ; la retombée même du plafond sur la muraille affecte une forme glissante où nulle contagion ne peut s’installer : la colonie des microbes ne découvrirait pas un coin où se loger. Les maladies infectieuses entrent et sortent sans laisser trace derrière elles. En outre, nul enfant atteint de maladie aiguë ou contagieuse n’est reçu dans les salles, car le traitement auquel, dans ce cas, il doit être soumis, relève de l’hôpital et non du dispensaire.

Les frais qu’entraînent l’entretien, les services spéciaux, les services généraux d’une maison pareille sont considérables, car tout y est gratuit ; Mme Heine-Furtado y a pourvu en constituant 100,000 livres de rente à son dispensaire. De plus, je crois bien qu’il y a quelque part un tiroir qui, comme dit la chanson, n’est jamais ni vide ni plein, où elle dépose des sommes d’argent sans cesse renouvelées et qui servent à aider, pendant des heures de chômage, de difficultés pressantes, les familles des enfans malades. Ceux-ci ont à leur disposition cinq médecins : le docteur Charles Leroux, chargé de la thérapeutique générale, tous les jours, excepté le dimanche ; le docteur P. Redard pour la chirurgie ; le docteur Edouard Meyer pour l’ophtalmologie ; le docteur E. Mènière pour les maladies des oreilles, deux fois par semaine ; et tous les jeudis, le docteur A. Chauveau pour les maladies de la bouche. Au courant de l’année 1886, l’ensemble des soins donnés a été représenté par 30,931 consultations et 129,838 médications.

C’est M. le docteur Edouard Meyer qui a bien voulu me faire