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Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 83.djvu/782

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district montagneux du côté d’Hébron, où il vécut d’aventures, se cachant dans les cavernes et les lieux forts.

Hébron est à peu près sur le sommet de la chaîne des montagnes de Juda, qui se prolonge de quelques lieues vers le sud. Sur cette continuation de la ligne de séparation des eaux, entre la Méditerranée et la Mer-Morte, se trouvaient ou plutôt se trouvent les villes ou villages de Ziph, Carmel et Maon. A l’ouest de ces villes, le pays est riche et fertile. Mais à l’est, du côté de la Mer-Morte, s’ouvre l’affreux désert de Juda. C’est là que David fixa le quartier-général de sa bande : Saül n’y pouvait rien contre lui. Les Hébronites paraissent lui avoir été favorables. Au sud étaient les Jérahmélites et les Kénites, peuplades toujours amies d’Israël.

Ziph et Maon furent les vrais centres de formation du royaume de David. La séparation entre lui et Saül devenait chaque jour plus violente. Le pouvoir de Saül ne tenait plus guère qu’en Benjamin. Juda, en réalité, était pour David. Les Ziphites, cependant, trahirent leur hôte. Ils allèrent à Gibéa le dénoncer à Saül, et celui-ci vint en force pour le saisir. David était en ce moment dans le désert, sur un rocher qu’on appelait le rocher des Glissades, près de Maon ; Saül le serrait de près, quand on vint lui apprendre une attaque des Philistins, qui l’obligea de lâcher prise. On crut plus tard que le nom du rocher vint de cet événement, parce que David y avait glissé comme une anguille entre les mains de son ennemi.

David, craignant que Saül, après avoir battu les Philistins, ne fît contre lui un retour offensif, quitta la région de Ziph et de Maon, descendit vers la Mer-Morte, et s’établit dans les retraites encore plus inabordables que fournissent les acropoles de rochers au-dessus d’Engaddi. Ces montagnes, en apparence, ne sont accessibles qu’aux chamois. Saül y apparut néanmoins, avec trois mille hommes d’élite, commandés par Abner. Selon un joli récit, bien inventé s’il n’est vrai, David, caché dans une caverne, aurait eu un moment son ennemi à sa disposition, et se serait borné à la malice inoffensive de lui découper un coin de son vêtement. D’après une autre anecdote, plus artistement combinée encore et digne du roman d’Antar, David trouva moyen de voler à Saül sa lance et sa cruche d’eau, ce qui lui fournit une bonne occasion de railler Abner. David, à part les conséquences qu’entraîne le brigandage, se comportait avec une modération relative. On raconta comme un prodige de sagesse sa conduite envers un Maonite nommé Nabal, homme riche, qui avait aux environs beaucoup de troupeaux. Avec le sentiment ordinaire au bédouin, qui croit avoir le droit d’être payé pour ce qu’il ne vole pas, et se regarde comme