teurs de coquilles, de mollusques qui s’adonnent le plus à cet inintelligent exercice, — multiplient les descriptions, qu’ils font courtes rapides, incomplètes, en général, pour le simple plaisir de substituer leur nom à celui de quelque autre zoologiste. Il y a un abus véritable, qui ne profite à personne, et complique la synonymie. Darwin réagit fortement contre cette tendance, et fait remarquer qu’il est ridicule de laisser se perpétuer une coutume qui n’est justifiable que dans le cas où le travail du descripteur est approfondi et sérieux, qui n’existe ni chez les chimistes, ni chez les minéralogistes, lorsqu’il arrive à ceux-ci de découvrir des substances nouvelles, et qui ne sert qu’à favoriser une sotte vanité et l’éclosion de mauvais travaux.
Parmi les lettres de 1842 à 1854, nous ne noterons que celles qui se rapportent à une discussion entamée avec Lyell et Hooker, sur l’origine de la houille : la théorie que propose Darwin n’a pas été acceptée ; il s’y attend bien d’ailleurs, d’après l’accueil que lui font ses deux amis, et, pour s’amuser, il la soumet à deux autres naturalistes. « À ce propos, écrit-il, comme la théorie marine de la houille vous a mis si fort en colère, j’ai eu l’idée d’en faire l’expérience sur Falconer et Bunbury, et cela les a rendus plus furieux encore. « D’aussi infernales bêtises devraient être extirpées de votre cervelle, » m’ont-ils dit… Je sais maintenant comment il faut s’y prendre pour secouer un botaniste et le mettre en mouvement. Je me demande si les géologues et les zoologistes ont aussi leurs points tendres : j’aimerais à le savoir. » Il note en passant une critique fort malveillante, dans l’Athenœum, de la réédition du Voyage, dédiée à sir Charles Lyell, mais ne s’en émeut guère : il sait que les sarcasmes et les épithètes désagréables d’un critique incompétent n’ont jamais nui à une œuvre sérieuse.
À mesure que les années se succèdent, les préoccupations domestiques augmentent. À Fosc, son ami, qui lui écrit pour annoncer la naissance de son dixième enfant, il répond en envoyant ses félicitations et ses condoléances, ajoutant que, si la chose lui arrive jamais, à lui Darwin, il sera inutile d’envoyer des félicitations : les condoléances lui suffiront. Il ajoute que, chaque fils donnant autant de peine à élever que trois filles, sa famille comprend dix-sept enfans (cinq fils et deux filles). L’éducation des premiers le préoccupe fort : il trouve l’éducation classique mal adaptée à la lutte pour l’existence, et défectueuse au point de vue du développement de l’esprit. Mais ce qu’il craint par-dessus tout, c’est une faiblesse de constitution héréditaire, et, en mainte lettre, il revient sur ce point. Sa santé à lui est d’ailleurs fort mauvaise à cette époque, et l’oblige à aller faire une cure à Malvern. Son père meurt durant cette période, et son état ne lui permet même pas d’aller rendre à celui-ci les der-