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Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 84.djvu/711

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 novembre.

Ils vont vite, ces étranges événemens qui ont surpris la France, plus vite en vérité que les morts de la ballade allemande ! Ils ne marchent pas, ils se précipitent et nous entraînent avec eux à travers de singulières obscurités. En peu de temps, en peu de jours, peut-on dire, d’heure en heure, tout s’est aggravé, tout a pris des proportions inattendues.

Une mauvaise affaire de police correctionnelle est devenue la plus inextricable affaire d’état ; un procès subalterne est devenu une crise universelle. Elle a commencé, en effet, cette crise aujourd’hui redoutable, par la découverte de quelques trafiquans véreux surpris dans un commerce louche de faveurs officielles. Une fois déchaînée, elle n’a plus connu ni frein ni limite, elle s’est étendue à tout, menaçant de tout submerger. Elle a eu ce funeste succès de passionner les esprits, d’allumer toutes les suspicions, de mettre en déroute les pouvoirs publics, le gouvernement, le parlement, l’administration, la magistrature elle-même. Ce n’étaient, au premier instant, à part les comparses, que deux ou trois généraux pris, les malheureux, en flagrant délit de complicité avec les trafiquans de faveurs, avec la plus vulgaire des aventurières. Bientôt tout a changé de face par l’intervention de la chambre, qui a tout brouillé avec son enquête, par l’impuissance du ministère,