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l’espoir d’une atténuation momentanée de la tension qui existe dans les relations entre Berlin et Saint-Pétersbourg. Les fonds russes, que la décision singulière prise par la Banque de l’empire d’Allemagne, la veille même de la visite de l’empereur Alexandre à Berlin, avait fait très vivement reculer, se sont peu à peu relevés vers les cours antérieurs. Le Hongrois 4 pour 100 or a regagné quelques centimes et se tient aux environs de 81 ; l’Italien, que le discours si optimiste prononcé par le roi Humbert, à l’Ouverture du parlement, avait laissé en apparence indifférent, a été porté ensuite de 96.87 à 97.40 ; l’Extérieure a gardé le cours de 67. Il n’est pas jusqu’aux valeurs helléniques et ottomanes qui n’aient bénéficié de cette disposition générale au relèvement des cours. Le Consolidé turc, malgré l’extrême détresse du trésor, a de nouveau franchi le cours de 14 francs.

La fermeté si remarquable de nos fonds publics n’est donc pas un fait isolé, particulier ; elle se rattache à l’ensemble des résultats généraux produits dans le reste de l’Europe et dans tous les autres états civilisés du monde entier par les grands phénomènes économiques de la diffusion du crédit et de l’abaissement du taux de l’argent. Considérée en elle-même et dans sa relation avec les circonstances ambiantes, la reprise de nos rentes s’explique par la faiblesse de la spéculation engagée à la baissé, comparée aux forces dont dispose la communauté des grands établissemens de crédit intéressés à la hausse, l’habitude constante du monde financier d’escompter les effets probables des événemens avant que ceux-ci soient accomplis (dans l’espèce, l’élection du nouveau président de la république), enfin le succès relatif de la conversion.

En temps normal, les résultats qu’a donnés cette opération eussent constitué un échec assez sérieux. Mais si l’on tient compte des incidens au cours desquels elle a été engagée et s’est achevée, on peut les considérer comme le témoignage le plus éclatant de la solidité du crédit de notre pays. Bien que, pendant toute la durée du délai fixé pour l’option, le 3 pour 100 fût côté à peine au-dessus du cours où les rentiers auraient en intérêt à demander le remboursement, les demandes n’ont atteint qu’une somme de 80,187,514 francs sur un capital total de 840 millions à convertir. L’état n’aura donc à payer que moins du dixième des sommes qui pouvaient être exigées de lui. Il n’a même pas pour cela à faire appel au concours de la Banque, qu’il s’était réservé pour parer à toute éventualité. Il dispose de fonds suffisans, et les rentiers qui ont tenu à être remboursés recevront leur argent le 6 décembre, soit 100 francs en capital par titre de 4 1/2 ou de 4 pour 100 de rentes, plus l’intérêt couru du 22 septembre dernier à la même date.

Mais on sait que l’opération ne consistait pas en une simple