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Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 84.djvu/943

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le secours d’aucun Auerbach, l’eût bien trouvé à lui tout seul. Le volume est d’ailleurs fort beau, d’une très belle exécution typographique, et les bois, qui doivent être allemands, en sont remarquables.

Nous arrivons aux livres d’histoire, parmi lesquels il convient d’en signaler deux tout d’abord : les Cahiers du capitaine Coignet et le Napoléon Ier et son Temps de M. Roger Peyre. Les Cahiers du capitaine Coignet[1] ont fait une assez belle fortune, et d’ailleurs très méritée, depuis le jour déjà lointain où M. Lorédan Larchey les publia pour la première fois. Après avoir passé de l’humble et modeste format des livres qui ne sont pas sûrs d’eux-mêmes au format accoutumé des ouvrages de lecture courante, les voici qui s’étalent aujourd’hui dans le format triomphant des livres d’étrennes. Ils ont trouvé d’ailleurs en M. J. Le Blant le plus éloquent interprète qu’il leur fût possible de trouver, le plus original, et cependant, et en même temps, le plus fidèle à la forte et parfois admirable naïveté du texte. Car, il faut savoir lire les Cahiers du capitaine Coignet ; et justement parce qu’ils ne furent point sans doute écrits pour l’impression, il y a une certaine manière de les lire ; mais quand on la connaît, ils nous apprennent beaucoup sur les dernières années de l’ancien régime, sur la révolution, sur l’empire, et beaucoup de choses que l’on demanderait vainement à d’autres livres, mieux composés et plus savans.

Ce que nous en disons n’est pas au moins pour rabaisser le Napoléon[2] de M. Roger Peyre, lequel, s’il mériterait d’être bien accueilli en tout temps, le sera sans doute mieux encore, en cette année 1887, où le Napoléon de M. Taine a été l’occasion de tant et de si vives controverses. Dans ce beau volume, à qui nous ne reprocherons que son épaisseur ou son poids, qui le rendent assez malaisément maniable, ce que le bibliophile Jacob avait fait pour le Moyen âge d’abord, et depuis pour le XVIe, le XVIIe siècle, le XVIIIe siècle, et enfin la révolution, M. Roger Peyre l’a donc fait pour le consulat et l’empire. C’est une histoire pittoresque ou le tableau d’une époque, représentée dans la diversité de ses manifestations, et, autant que possible, d’après le témoignage authentique des documens contemporains. On a ainsi, comme en images, dans une série de beaux volumes exécutés d’après le même plan, illustrés par les mêmes procédés, une suite presque entière, pour ainsi dire, de l’histoire de France. Et c’est pourquoi, bien que celui-ci, si nous en croyons les éditeurs, « forme le couronnement de l’œuvre entreprise par feu Paul Lacroix, » nous espérons que le succès qui ne lui manquera point les persuadera de pousser plus avant

  1. Les Cahiers du capitaine Coignet ; avec 18 héliogravures et 60 gravures intercalées dans le texte, 1 vol. in-4o. Hachette.
  2. Napoléon Ier et son Temps ; illustré de 12 planches en couleur et de 300 gravures, 1 vol. in-4o. Firmin Didot.