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L’ASSISTANCE PAR LE TRAVAIL

LA FAUSSE INDIGENCE. — LA CHARITE EFFICACE.

Dans les différentes études que j’ai publiées ici même sur Paris bienfaisant, je crois avoir démontré que nul groupe social ne répudie la charité, qui est la vertu par excellence. Si calomniée que soit la grande ville, si décriée qu’elle soit par les étrangers qui s’empressent d’y apporter leurs mauvaises mœurs, si entraînée qu’elle soit souvent à faire des sottises, elle vaut mieux que sa réputation ; ne l’étudier que dans ses vices, c’est se contenter de la regarder à la surface : il faut aller au fond, pénétrer dans son cœur et s’incliner, car on y découvre des sentimens élevés auxquels un pays peut se ressaisir et reprendre le rang qui lui appartient. Une nation se maintient à des hauteurs enviables, si elle veut s’appuyer sur les fortes qualités qui vibrent en elle, ne pas lâcher la proie pour l’ombre, fermer l’oreille aux promesses décevantes des exploiteurs de leur propre ambition, se résoudre à n’être plus la dupe des mensonges dont on leurre ses espérances et revenir à ce qui fait seul la grandeur des peuples : le travail et l’abnégation. L’exemple est donné, il ne s’agit que de s’y conformer. Partout j’ai trouvé la bienfaisance en activité ; c’est un labeur qui parfois serait ingrat, s’il ne trouvait sa récompense en soi-même. Loin de le dédaigner, on le recherche et l’on s’en montre digne. Les catholiques, les