quelques oiseaux de terre et de mer, mais aussi d’innombrables moustiques, fléau de ces régions.
Wallis, prédécesseur de Cook, découvrit cet archipel en 1767 ; mais, on a pu le remarquer, c’était rarement alors à celui qui découvrait une terre nouvelle qu’en revenait l’honneur. Bien que la postérité ait cassé l’injuste arrêt qui attribuait à Amerigo Vespucci la gloire d’avoir abordé le premier au Nouveau-Monde, son nom n’en reste pas moins attaché à tout un continent. Marshall, qui devait donner le sien à ce groupe d’îles, y aborda en 1778, revenant de Port-Jackson, en Chine.
Entre les habitans des Marshall et ceux de l’archipel des Carolines, l’analogie est frappante. Les femmes y sont belles et gracieuses, les hommes bien faits, le front développé, les cheveux longs et parfois bouclés. Les habitations, la nourriture, sont les mêmes. Les chefs pratiquent la polygamie, mais leurs inférieurs n’ont d’ordinaire qu’une femme. Par une coutume singulière, ils limitent eux-mêmes l’accroissement de la population par l’infanticide, n’admettant pas qu’une femme puisse avoir plus de trois enfans, et mettant à mort ceux dont elle pourrait devenir mère, ce chiffre atteint. Contrairement aussi à la plupart des tribus polynésiennes, ils n’ont ni cultes ni temples, et n’admettent que les ancêtres au rang des divinités. Lorsqu’un des leurs vient à mourir, ils le déposent, soigneusement enveloppé de bandelettes, dans un canot qu’ils lancent à la mer, la proue à l’ouest. Le contre-courant équatorial saisit le frêle esquif avec son lugubre fardeau et l’entraîne au large. Plus d’un navire, dans ces parages, a vu passer près de lui ces canots mortuaires que la mer engloutit, non sans qu’ils aient parcouru parfois de grandes distances.
Les missionnaires havaïens ont tenté, les premiers, de convertir ces indigènes au protestantisme, et leurs efforts ont été couronnés de succès. La mission protestante des îles Havaï relève elle-même directement de la société mère, dont le siège est à Boston. L’influence américaine fut donc la première à se faire sentir dans ces îles, mais elle s’y exerça au profit de l’Allemagne, et ce n’est pas la dernière fois que nous noterons ce symptôme d’entente tacite entre deux peuples que réunit un même désir d’entraver dans l’Océanie les progrès de l’Angleterre. À la jalousie commerciale que l’Angleterre leur inspire se joint l’hostilité religieuse qu’ils éprouvent pour la France et l’Espagne catholiques. Aussi les États-Unis, loin de contrecarrer les visées coloniales de l’Allemagne, les favorisent-ils, au contraire, dans ces mers, où leur politique séculaire est de ne pas chercher à s’étendre eux-mêmes par des occupations, mais de s’assurer des ports de relâche et de ravitaillement, et de tenir la balance égale entre les grandes puissances européennes. En 1878,