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fréquentes conférences. Pendant que tout le monde est occupé à faire leur éducation, le travail des bureaux est arrêté ; les semaines, les mois s’écoulent ; et l’œuvre législative, à son tour, est suspendue. Comment le budget pourrait-il être voté en temps utile ? Le budget de 1887 a été l’objet de vingt-trois rapports partiels, en outre du rapport général : sur ce nombre, quatorze, dont quelques-uns des plus importans n’avaient pas encore été déposés, le 14 octobre 1886, lorsque la chambre des députés a repris ses travaux. Les dépôts attendus ont eu lieu dans l’ordre suivant :

14 octobre. — Rapports sur les cultes et sur l’impôt sur le revenu.

16 octobre. — Rapport général et rapport sur le ministère de la guerre.

23 octobre. — Rapport sur l’Imprimerie nationale.

28 octobre. — Rapport sur les colonies.

4 novembre. — Rapport sur les invalides de la marine.

15 novembre. — Rapport sur les monnaies et médailles.

18 novembre. — Rapport sur le budget des chemins de fer de l’état.

Le rapport sur les stipulations financières, découlant des conventions conclues avec les six grandes compagnies de chemins de fer, n’a été déposé que le 27 janvier 1887. La discussion générale du budget a été ouverte le 4 novembre 1886, lorsque plusieurs rapports n’avaient pas encore été déposés. La rentrée des chambres avait été retardée jusqu’au 22 octobre. Vaine précaution : huit rapports seulement sur vingt-deux étaient prêts, le budget extraordinaire n’avait fait l’objet d’aucune étude, et le rapporteur-général n’était pas encore choisi. Dans de pareilles conditions, si expéditive que puisse être la chambre et si débonnaire que se montre le sénat, comment échapper à la nécessité de recourir au vote de douzièmes provisoires ? Or quelle est la conséquence de cette mesure qui se renouvelle tous les ans, sinon que des dépenses sont effectuées avant d’avoir été votées. C’est ainsi que, pour avoir exagéré le contrôle législatif et l’avoir rendu trop minutieux, on arrive à l’annuler dans la pratique.

Qu’est-ce donc lorsque, par suite de l’instabilité ministérielle, le portefeuille des finances vient à changer de main, et que le nouveau titulaire, pour complaire à la commission, est obligé de refondre l’œuvre de son prédécesseur ? Il est arrivé ainsi plusieurs fois qu’on a eu deux et jusqu’à trois budgets dans une même année, conçus dans des ordres d’idées différens, comprenant tantôt un emprunt perpétuel, tantôt un emprunt à courte échéance, et tantôt des remaniemens ou des aggravations d’impôts. Faut-il rap-