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lycée jusqu’à midi, et ce temps supplémentaire est consacré aux travaux d’aiguille et aux exercices de gymnastique. Les devoirs de maison et les leçons exigent de trois à quatre heures de travail.

Après avoir fondé l’enseignement secondaire, il a fallu créer une école normale de professeurs-femmes pour le donner. C’est ce qu’a fait la loi du 26 juillet 1881. L’arrêté ministériel du 14 octobre de la même année a tracé les programmes qui y sont suivis, et celui du 31 janvier 1883 a réglé le concours qui y donne entrée. Cette école a été installée dans les dépendances de l’ancienne manufacture de Sèvres. Les élèves y sont internées et entretenues gratuitement aux frais de l’état.

L’enseignement secondaire des filles a été l’objet de critiques auxquelles les passions politiques n’ont pas toujours été étrangères; mais, en laissant de côté tout esprit de parti, en faisant même abstraction de la direction donnée aux études et de la singulière morale qu’on enseigne dans quelques-uns de ces lycées, il est permis de se demander s’il était bien nécessaire de donner aux jeunes filles ce supplément d’instruction. Les législateurs ont eu pour but de faire concurrence aux pensionnats et aux couvens, qui seuls avaient été à même jusqu’alors de conférer l’enseignement secondaire. Ils ont voulu mettre celui-ci à la portée des familles sans fortune, mais ce ne sont pas celles-là qui en profitent. Ainsi, le lycée Fénelon, qui peut être considéré comme un modèle, et pour lequel on n’a rien épargné, recrute surtout ses élèves dans le monde de l’enseignement. Les filles des professeurs y sont reçues à titre gratuit. Cet établissement, fondé rue Saint-André-des-Arts, est remarquablement bien tenu. Les classes, les études sont vastes, bien aérées, le mobilier scolaire très convenable. Les cours sont un peu petites, mais ombragées par de grands arbres et entourées de préaux couverts, sous lesquels les jeunes filles peuvent jouer quand il fait mauves temps. C’est là que se trouve le gymnase. Le personnel enseignant a été recruté avec le plus grand soin. La rétribution scolaire est extrêmement modique et ne couvre assurément pas les dépenses de k maison. Les demi-pensionnaires y font deux repas, et la nourriture y est excellente.

Les élèves paraissent jouir d’une bonne santé. Elles ne sont pas surmenées, puisqu’elles n’ont que huit heures de travail intellectuel par jour. Celles-là seulement se fatiguent qui veulent passer les examens pour l’obtention des brevets. Les jeunes filles sont, à Fénelon, l’objet d’une sollicitude bien entendue et qui atténue les inconvéniens des programmes qui leur ont été imposés par l’arrêté ministériel du 28 juillet 1882. Ceux-là sont le dernier mot du genre ; c’est l’instruction encyclopédique poussée à sa dernière