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avaient disparu. Les socialistes de langue allemande, ceux d’Autriche et de Suisse, de France et de Belgique, comme ceux d’Allemagne, s’étaient rencontrés à Wyden, au nombre de 60 délégués. On lut au congrès des adresses et des télégrammes provenant des frères et amis de tout pays. On s’occupa surtout de la situation du socialisme dans l’empire allemand, dont l’ancienne organisation publique fut remplacée par une organisation secrète. Dans le nouveau programme, on effaça la déclaration du congrès de Gotha, admise et suivie jusque-là, que les socialistes poursuivraient leur but « par les moyens légaux « en leur pouvoir. Bebel, Liebknecht, Hasenclever, Auer, Fritsche, Vahlteich, les principaux représentans du parti au Reichstag, étaient présens à ces assises au milieu des ruines. L’assemblée avait un caractère dramatique, comme les résolutions prises dans le cours de ses séances. Un manifeste nouveau fut envoyé aux partisans de toutes les nations.

« Frères, dit ce document publié par M. Winterer, l’éloquent représentant de l’Alsace au Reichstag, dans son livre : Trois années de l’histoire du socialisme contemporain (Paris, 1882), les délégués des ouvriers socialistes de l’Allemagne, réunis en congrès à Wyden, vous expriment leur cordiale reconnaissance pour vos vœux fraternels et vos adresses d’adhésion. Ils vous donnent en même temps l’assurance que la démocratie socialiste d’Allemagne est restée la même, et qu’elle se maintiendra à son poste d’avant-garde dans la lutte pour la délivrance du peuple opprimé et exploité; elle continuera à combattre avec énergie, prudence et persévérance; elle fera une guerre à mort à l’état actuel, à une organisation sociale criminelle et insensée... Si les classes dominantes devaient nous barrer complètement la voie légale, qu’on ne s’imagine pas que nous pourrions renoncer à faire passer nos principes. Nul socialiste n’y songe. En pareille éventualité, que la prudence commande de prévoir, nous serions réduits à trouver bon tout moyen, quel qu’il fût. Si l’on ne veut plier par en haut, on sera brisé par en bas... Nos maîtres politiques et sociaux en Allemagne ne veulent ni entente ni compromis ; ils veulent la guerre, la lutte à mort. Eh bien ! ils auront cette lutte, ils l’auront tout entière. Ils en répondront... La démocratie socialiste d’Allemagne est persuadée que la révolution, pour devenir victorieuse, doit être préparée d’avance. Elle considère comme le premier devoir de tout bon révolutionnaire de contribuer à répandre de plus en plus, par une propagande active, les idées socialistes parmi le peuple, à rendre plus capables de se défendre et d’agir ceux qui doivent diriger le combat, à organiser une discipline inflexible, à affaiblir l’adversaire et à parer ses coups. Nous devons nous tenir prêts avec toutes nos forces pour la commotion