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70e degré. En Amérique, en revanche, il y a retrait de ce domaine vers le Labrador et la baie d’Hudson, le cercle polaire étant à peine échancré dans l’intervalle qui s’étend du fleuve Mackensie au détroit de Behring. Mais dans ce premier domaine, comme dans ceux qui suivent, un point des plus essentiels consiste à distinguer les forêts résineuses, formées exclusivement ou en grande partie de conifères, de celles qui sont constituées par des arbres « feuillus, » ou, pour parler la langue des botanistes, des a dicotylées » à feuillage caduc ou persistant. — On sait que, dans le nord de l’Europe, les forêts de résineux, parmi lesquels le pin sylvestre, l’épicéa, et, plus au sud, le sapin, jouent le principal rôle, s’étendent sur de grands espaces. On sait aussi que, vers le centre du continent, ces forêts occupent de préférence les massifs montagneux : Erzgébirge, Carpathes, Tyrol, Forêt-Noire, Vosges, Cantal, chaîne des Alpes et Pyrénées. Le mélèze vient se joindre aux arbres précédens sur les pentes alpines, et, au-dessus de lui, le cembro ; mais ces deux types, de même que le sapin, sont exclus de la région scandinave, tandis qu’ils peuplent une partie de la Sibérie, où le premier s’avance, même plus loin que tous les autres résineux, vers l’embouchure de la Lena, en face de la Nouvelle-Zemble. Les résineux dont il vient d’être question ne sont pas seuls à s’étendre jusqu’aux abords du cercle polaire ; en fait d’arbres « feuillus, » il convient de mentionner les bouleaux, aunes, trembles, saules et le sorbier des oiseleurs, qui pénètrent aussi loin ou dépassent même la limite du cercle polaire. C’est au sud du 60e degré, de la Scandinavie aux Pyrénées et aux Apennins, et du golfe de Finlande à la péninsule hellénique et aux steppes, si l’on se restreint au continent européen, que s’étale un ensemble déjà plus riche et insensiblement lié au précédent. Le hêtre et le chêne, l’orme, divers érables, frênes et tilleuls, sont les arbres caractéristiques de ce second ensemble, d’où ne sont exclus ni les résineux ni les types « feuillus » constitutifs du précédent. Ceux-ci offrent, de leur côté, une tendance à s’étager sur les escarpemens dont ils remontent les gradins, à mesure que de la Scanie, de la Norvège australe et de l’Allemagne du Nord, on marche vers le sud de k région occupée par cette végétation. En poursuivant cette marche du nord au sud, on voit sous l’influence de la latitude, le hêtre même céder la place à des rouvres variés ; et c’est par l’effet de ce mouvement que d’autres chênes, le tauzin et le cerris, par exemple, se présentent d’abord en colonies éparsas. Il en est de même du châtaignier, qui, en dehors de ses exigences relatives à la composition du sol, semble ne rencontrer que vers le midi de l’Europe les conditions normales de son développement forestier. En s’attachant aux arbres « feuillus, »