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outre les types les plus répandus, ceux aussi qui, en voie de déclin, se sont cantonnés sur les points les mieux abrités ou les plus méridionaux et qui opèrent une transition vers les types tropicaux proprement dits ; puis l’élément montagnard, c’est-à-dire amené ou favorisé par l’altitude ; enfin, un troisième élément qu’on ne saurait négliger et auquel conviennent à la fois la chaleur et l’humidité. Ce dernier comprend des végétaux à feuilles généralement caduques, qui, tout en s’accommodant d’une saison froide, sont adaptés pourtant aux exigences du climat méridional et ne se rencontrent point, à l’état spontané, dans l’Europe centrale. À ce troisième élément répond une association d’arbres à la fois puissans, assez peu nombreux et le plus ordinairement monotypes, dont le rôle est fait pour attirer l’attention, à raison surtout de ce qu’il fut dans le passé. On peut dire de cet élément qu’il représente le prolongement méridional de l’association précédente, celle qui couvre l’Europe centrale et qui s’accoude à la région méditerranéenne. Les végétaux dont nous parlons et qui tous ont laissé des traces à l’état fossile, parmi lesquels nous mentionnerons seulement l’aune en cœur, le charme d’Orient, l’ostrya, le platane et le liquidambar, le figuier, la vigne, divers frênes, tilleuls et noyers, contrastent plutôt avec la masse des végétaux méditerranéens qu’avec les types d’ordre équivalens, situés plus au nord. L’on peut dire que, si, dans l’Europe méridionale, surtout à l’est de la Méditerranée, en Asie-Mineure, ils se trouvent associés aux premiers, ils appartiennent naturellement à la catégorie des seconds, comme il en serait dans le cas où ces derniers, n’étant arrêtés par aucun obstacle interposé, se seraient étendus librement vers le sud. Le point de vue ici indiqué trouve sa confirmation dans l’examen de la flore forestière d’Amérique, observée à une latitude correspondante. L’absence sur ce continent du domaine végétal méditerranéen ou de tout autre domaine équivalent dégage l’élément en question et donne lien, au moyen du platane, du liquidambar, du plaqueminier, des vignes et noyers américains, vis-à-vis de l’ancien inonde, à un parallélisme ou, si l’on veut, à une répétition de formes digne d’attention, et que l’étude de la paléontologie contribue encore à mettre en lumière.

Sous le bénéfice de ces restrictions et distinctions, l’association méditerranéenne nous laissera mieux saisir son vrai caractère. Les élémens principaux, à feuillage étroit, allongé, coriace, entier ou épineux et faiblement divisé : yeuses, lauriers, oliviers, myrtes, lauriers-roses, lentisques et térébinthes, etc., n’y étalent pas l’ampleur luxuriante des formes vraiment tropicales, mais ils semblent conduire vers celles-ci ; ils y touchent par certains côtés, tout en