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Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 86.djvu/333

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choisie l’attaque des Kabyles, le colonel voulut les aller chercher chez eux. Arrivé à Souk-Tléta, il trouva la place du marché vide, mais toutes les hauteurs au-dessus garnies d’hommes armés qu’il se mit en devoir de déposter. Le combat s’engagea vivement ; l’arrière-garde, comme toujours, ayant le plus à faire, c’était elle que Si-Zerdoud s’attachait particulièrement à retarder. L’avant-garde, au contraire, avançait rapidement, parce que l’ennemi, au lieu de lui faire obstacle, s’ouvrait devant elle et se répandait sur les flancs. Il arriva donc bientôt que la colonne trop allongée, trop amincie, faillit être coupée par tronçons. Il fallut se resserrer, à tout prix, non sans peine, ni sans pertes ; quand la colonne rentra, le 4 à Philippeville, elle ramena 9 morts et 56 blessés.

Encouragé par ce qu’il avait le droit de considérer comme un succès, Si-Zerdoud se porta, le 20 mai, sur le camp d’El-Arouch. Afin de donner plus de confiance à sa troupe, il s’avança jusqu’au bord du fossé, un grand drapeau rouge et vert à la main, en vociférant des imprécations entremêlées de paroles magiques qui devaient frapper les Français d’engourdissement et d’impuissance. Réfractaire à l’incantation, un sergent-fourrier abattit d’un coup de fusil le cheval du sorcier, pendant qu’un feu de salve accompagné de mitraille mettait toute la bande en déroute. Ce résultat, tout à fait contraire aux assurances de leur chef, découragea pour longtemps les Kabyles, et Si-Zerdoud fut obligé de se retirer chez les Zerdeza, plus à l’est.

Pendant ce même temps, le général Randon était sorti de Bône pour se porter au sud contre une fraction de la grande tribu des Hanencha, dont les douars étaient le rendez-vous de tous les bandits de la région jusqu’à la frontière de Tunis et au-delà. La colonne, concentrée à Ghelma, comprenait 510 zouaves, 540 hommes de la légion étrangère, 250 tirailleurs indigènes, 400 spahis; avec les artilleurs et les sapeurs, l’effectif était de 1,800 combattans. Le 11 mai, après avoir franchi le défilé d’Akbet-el-Trab, le général Randon atteignit sur un plateau les Arabes, les chargea vivement et les mit en fuite. Avant de reprendre la marche que le mauvais temps avait arrêtée pendant deux jours, le général jugea nécessaire de faire reconnaître et fouiller les profonds ravins qui entouraient le bivouac. La direction de la reconnaissance fut confiée au commandant Frémy des zouaves, qui se mit en mouvement, le 14, avec trois compagnies de son bataillon, une compagnie de tirailleurs indigènes et deux escadrons de spahis.

On rencontra d’abord les traces d’un troupeau, que ses gardiens entraînaient au plus vite ; le troupeau fut bientôt rejoint, pris et ramené au bivouac de la colonne par les tirailleurs ; d’autre part,