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les tribus du voisinage. Il y eut alors un soulèvement général qui le contraignit à se retirer au plus vite, de sorte que les gens de Biskra retournèrent à Farhat-ben-Saïd, c’est-à-dire au parti d’Abd-el-Kader.

A Msila, un autre agent de l’émir, Bel-Azouz, essaya de provoquer, au mois de juillet, un revirement du même genre. Il en fut pour sa courte honte et même un peu davantage; accueilli par les habitans, qui faisaient en même temps prévenir Mokrani, l’agitateur fut pris au piège et conduit à Constantine, d’où il alla rejoindre, aux îles Sainte-Marguerite, les prisonniers indigènes que, pour plus de sûreté, les gouverneurs de l’Algérie avaient pris l’habitude de déporter en France.

Il serait fastidieux de suivre toutes les courses de police et les tournées fiscales que les troupes étaient obligées de faire de temps à autre. On doit se borner à celles de ces opérations qui se distinguent par un sérieux intérêt, politique ou militaire. Telle est l’expédition dirigée, au mois d’octobre 1841, dans le Djebel-Aurès, où l’ancien bey de Constantine Ahmed avait réussi à se maintenir et d’où le général de Négrier ne parvint pas à le déloger encore ; telle est dans la subdivision de Bône, au mois de novembre, celle que conduisit le général Randon à la recherche du cheikh Si-Zerdoud. Ce cheikh, au mois de juin précédent, avait assassiné le sous-lieutenant de spahis Alleaume. Si-Zerdoad échappa au général Randon comme Ahmed au général de Négrier ; toutefois, l’incursion du commandant de Bône dans la montagne de l’Edough ne fut pas inutile, car elle lui donna l’excellente idée d’en ouvrir l’accès par une bonne route militaire, qui lut exécutée dès le commencement de l’année suivante.

En somme, la campagne de 1841 n’avait pas eu beaucoup d’importance; la campagne de 1842 en eut un peu davantage. Dans le mois de mai, il n’y eut pas moins de trois opérations simultanées. La première en date avait pour objectif la répression d’une insurrection soulevée dans les montagnes du cercle de Philippeville, où Si-Zerdoud, chassé de l’Edough par le général Randon, l’année précédente, était venu prêcher la révolte. Tout le pays kabyle, depuis El-Arouch jusqu’à Collo, était en armes.

Parti de Philippeville, le 1er mai, avec une colonne composée de 850 hommes du 19e léger, de 250 zéphyrs du 3e bataillon d’Afrique, d’une quarantaine de spahis, de deux pièces de montagne et d’un détachement de sapeurs, le colonel Brice, commandant du cercle, apprit en route qu’il devait y avoir le surlendemain, à Souk-Tléta, un grand rassemblement d’insurgés. Contrairement à l’avis des kaïds alliés qui lui conseillaient d’attendre dans une position bien