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Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 86.djvu/528

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des principes, la théorie du droit fait partie des programmes philosophiques de nos lycées, et n’est pas même absente, sous forme modeste, du programme de nos écoles primaires : de telle sorte que l’idée de droit, considérée comme la base de nos institutions et de notre état social, ne fait défaut à aucun enseignement. La chaire du Collège de France était un beau et noble luxe, et ce luxe était d’une valeur inappréciable lorsque la chaire était occupée par l’illustre titulaire qui vient de la quitter, mais enfin c’était un luxe ; pour ce qui est de l’essentiel, rien n’est perdu.

Ce n’est pas tout. Les hautes études pourront retrouver facilement plus tard l’enseignement auquel elles ont momentanément renoncé, et nous avons à exposer les divers moyens par lesquels un enseignement qui n’a pas ou qui n’a plus sa place peut la trouver ou la reconquérir dans notre système nouveau. Supposez, en effet, un jeune homme de talent qui s’est pris de goût pour les études de philosophie du droit, soit un jeune philosophe ayant fait des études juridiques, soit un jeune jurisconsulte ayant fait des études de philosophie : le premier licencié en droit et, s’il se peut, docteur en droit ; le second, licencié en philosophie et docteur ès lettres ; voici les voies diverses qui s’ouvrent devant lui. D’abord, les cours libres, soit à la faculté des lettres, soit à la faculté de droit : premier moyen de se faire connaître et de se désigner à l’attention des savans ; en second lieu, s’il s’agit des facultés des lettres, les conférences ou les cours complémentaires ; s’il s’agit de la faculté de droit, les cours d’agrégés. Ici le système est un peu plus restrictif, à cause des concours d’agrégation ; mais ces concours sont très fréquens, le nombre des agrégés est considérable : pourquoi, parmi eux, ne se trouverait-il pas un ami de la philosophie ? L’expérience peut commencer modestement, soit, par exemple, dans une faculté des départemens, d’où l’on peut être appelé à Paris. Aux titres ou aux grades professionnels peuvent s’ajouter des titres scientifiques, des ouvrages faisant autorité. Ainsi, l’enseignement de la philosophie du droit, sous une forme ou sous une autre, pourrait renaître sans création de nouvelle chaire, ce qui est toujours une affaire, et encore cela même est devenu plus facile qu’autrefois. Si l’on ne voulait pas aller jusqu’au budget, on aurait, pour faire revivre la chaire, la même ressource qui a servi à la faire disparaître, à savoir le procédé de la transformation. Le Collège de France lui-même, qui l’a abandonnée, pourrait la reprendre à la place de telle ou telle autre science jugée moins utile ; mais j’avoue que je l’aimerais mieux dans un milieu plus actif et plus vivant, en face même de la jeunesse de nos écoles, soit à la faculté des lettres, soit à la faculté de droit.

Cette première question vidée, passons à la seconde ; de la chaire