gouvernement chinois, le projet de M. Giquel fut adopté. Les élèves de l’arsenal de construction navale parlant français furent placés dans des écoles ou des établissemens industriels français. Ceux de l’Ecole navale parlant anglais allèrent en Angleterre, où ils étudient principalement au Royal naval College of Greenwich, lorsqu’on ne les embarque pas sur des navires de guerre.
Mais ceci n’était que le germe de la création des missions chinoises d’instruction à l’étranger. A l’heure actuelle, il y a, en Europe, trente-trois jeunes Chinois dont la haute direction est en d’excellentes mains, celles de l’honorable M. Dunoyer de Segonzac. Ils sont distribués ainsi : six élèves étudiant le droit à la Faculté de Paris : deux sont à l’École normale supérieure, section des sciences ; deux à l’École des ponts et chaussées, et quatre au génie militaire. Il s’en trouve dix-neuf en Angleterre, répartis comme suit : deux étudians en droit, deux en sciences, trois ingénieurs-mécaniciens, et douze à la marine. Ce dernier chiffre est significatif Il prouve que les innombrables bateaux de l’Angleterre, marchands et autres, ont, aux yeux des Chinois, valu à nos voisins d’outre-Manche une sorte de supériorité navale sur toutes les autres marines. Qu’ils y prennent garde : c’est peut-être celle de la quantité et non de la qualité ! Après la glorieuse campagne de l’amiral Courbet, il est permis d’affirmer que la marine française de guerre a été jugée dans l’extrême Orient comme la première marine du monde.
Il n’est peut-être pas superflu d’ajouter que tous les élèves dont il a été question plus haut sortent de l’arsenal de Fou-Tcheou, fondé, comme on sait, par M. Giquel. Cinq, cependant, font exception : Ils sortent de l’École de Tien-Tsin, dont les instructeurs chinois ont étudié à Fou-Tchéou.
Les dépenses de ces jeunes gens, en Europe, sont payées deux quarts par l’administration du Le-Kin ou douanes intérieures du Fo-Kien, un quart par les douanes impériales de la même province, un quart par l’arsenal de Fou-Tchéou. La somme allouée à chaque élève pour son entretien et ses frais généraux est de 300 francs par mois. Les règlemens prévoient, en outre, des allocations pour frais de professeurs, d’uniformes, de voyages, d’excursions scientifiques, etc.
Le Japon, plus fréquemment peut-être que la Chine, a envoyé dans les principales capitales d’Europe et d’Amérique un grand nombre de ses fils. Il n’est pas une administration, une institution un établissement industriel d’une grande importance qui n’ait été étudié par les Japonais. Leur application à tout savoir a été chez quelques-uns tellement vive, qu’ils en ont perdu la santé et la vie.