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gouvernement impérial ne peut retenir sous les drapeaux que l’effectif proportionné à ses ressources. Or, l’organisation de l’armée allemande, comme celle de l’armée française, repose maintenant sur le système des cadres, c’est-à-dire que les forces employées en cas de guerre sont tenues sous les drapeaux en partie seulement en temps de paix. Les formations du pied de paix constituent les cadres, qui sont remplis et complétés par l’incorporation des hommes et des officiers appelés, en cas de mobilisation, sur le pied de guerre. Ces cadres servent en même temps pour l’instruction des recrues et constituent l’école de l’armée, tandis que la durée du service sous les drapeaux représente le temps nécessaire pour l’éducation militaire de la nation. Idée exprimée par la loi fédérale du 9 novembre 1867, qui donne force légale au système des cadres quand elle déclare, au paragraphe 4, que l’armée permanente et la flotte militaire sont les écoles de la nation entière pour la guerre.

Dans l’organisation en vigueur, les unités fondamentales adoptées pour l’armée allemande sont le bataillon, l’escadron et la batterie, dont le nombre est fixé par la loi du septennat pour les trois armes de l’infanterie, de la cavalerie et de l’artillerie de campagne. L’unité tactique du bataillon, divisé en quatre compagnies, existe à la fois pour l’infanterie de ligne, les chasseurs, l’artillerie à pied, le train des équipages et les pionniers ou troupes du génie. Au-dessus de ces unités fondamentales vient comme unité supérieure le régiment, dont la formation dépend de l’empereur, avec la règle qu’un régiment ordinaire d’infanterie comprend trois bataillons au moins ; un régiment de cavalerie, cinq escadrons ; un régiment d’artillerie, deux ou trois sections. Deux ou trois régimens de la même arme forment une brigade ; deux ou trois brigades d’infanterie et de cavalerie, une division. Pourtant, ni le nombre ni la composition des brigades et des divisions ne sont fixés par voie législative : l’empereur, comme chef suprême de l’armée, en dispose à son gré. D’après la loi du 11 mars 1887 sur le septennat en cours, l’armée active comprend actuellement 534 bataillons d’infanterie, dont 21 de chasseurs, avec 166 régimens de ligne, sur lesquels 15 à quatre bataillons ; 465 escadrons de cavalerie pour 93 régimens ; 364 batteries d’artillerie de campagne pour 37 régimens ; 31 bataillons d’artillerie à pied pour 14 régimens employés au service des forteresses ; 19 bataillons de pionniers ou du génie, dont un à cinq compagnies ; 18 bataillons du train. À ces unités tactiques s’ajoutent les formations particulières, telles que le régiment de chemins de fer à quatre bataillons, avec une section d’aéronautes ; un bataillon d’études et deux écoles de tir pour l’infanterie ; trois écoles de cavalerie ; une batterie école pour l’artillerie de campagne ; une com-