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REVUE DRAMATIQUE

Gymnase : Dora. — Porte-Saint-Martin : la Grande Marnière, drame en 5 actes et 8 tableaux, de M. Georges Ohnet.

Il y avait une fois, en Perse, un roi nommé Assuérus, qui établit dans son palais un délicieux concours ; il en était le seul juge, et le prix d’honneur (si j’ose m’exprimer ainsi) serait décerné par son caprice, mais par son caprice éclairé. « Qu’on cherche au roi des jeunes filles vierges et belles, avaient dit ses conseillers intimes, et qu’on leur donne ce qu’il leur faut pour se préparer[1]. » Assuérus ayant approuvé ce projet, des commissaires provinciaux envoyèrent à Suse, ville capitale, un grand nombre de jeunes filles, diversement belles et pareillement vierges. Et chacune à son tour « se prépara, » selon l’usage du pays et le cérémonial de la cour, c’est-à-dire qu’elle se parfuma douze mois durant : « six mois avec de l’huile de myrrhe, et six mois avec des choses aromatiques, » — sachets de poudre ou pommades, dont la recette demeure inconnue. Après quoi, elle sentait assez bon, et le gardien la conduisait de l’hôtel des femmes dans l’hôtel du roi. « Elle y entrait sur le soir, et sur le matin elle retournait… Et elle n’entrait plus vers le roi, à moins que le roi ne le voulût et qu’elle ne fût appelée nommément. « Mais le roi n’en daigna revoir aucune pendant quatre années : il faut vous dire que le recrutement s’était fait dans toute l’étendue de ses états, et qu’il régnait, « depuis les Indes jusqu’à l’Ethiopie, sur cent vingt-sept provinces. » Cependant vint le tour d’une Juive, Hadassa ou Esther. « Et le roi aima plus

  1. Le Livre d’Esther, I, II.