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Toutes les fois que des questions analogues, que des intérêts semblables sont, en différens pays, l’objet d’une constante sollicitude et d’importantes résolutions, il est utile de voir comment on a pensé, comment on a exécuté chez les peuples étrangers. Par suite de certains courans, on ne pense pas toujours de même, on n’agit pas partout avec un égal bonheur, souvent il est des comparaisons qui peuvent devenir instructives. Tantôt elles rassurent contre la crainte d’une infériorité, tantôt elles montrent où il y a un progrès à réaliser. Allons-nous en Angleterre, à Eton, à Harrow, à Rugby : en trouvant les élèves installés dans les familles des professeurs, nous pourrons être séduits par les avantages d’une tutelle vigilante ; les programmes ne nous suggèrent l’idée d’aucun emprunt. En Allemagne, un mouvement particulier appelle l’attention. Depuis peu d’années, pour les gymnases, de nouveaux programmes ont été adoptés. Toute trace des vieux erremens n’a pas disparu, l’histoire religieuse conserve une place vraiment excessive, mais à beaucoup d’égards d’immenses améliorations ont été introduites. Après les classes préparatoires pour les enfans de six, de sept, de huit ans, les écoliers commencent l’histoire naturelle, qui ne sera plus abandonnée que sur la fin des cours. La marche ascendante des études des sciences naturelles est réglée d’une façon presque irréprochable. Dans cette Allemagne qu’on suppose toujours hantée par les rêveries philosophiques et fort entichée du système de Kant ou des opinions d’Hegel, la vieille philosophie a été bannie du programme de l’enseignement secondaire. En 1882, dans une circulaire adressée au directeur des établissemens d’instruction, le ministre, M. Gossler, avait déclaré que la philosophie pouvait disparaître à raison de l’impossibilité de l’enseigner sans trop d’obscurité et sans une fatigue intolérable pour les élèves[1].

Ce n’est pas assez de formuler avec plus ou moins de bonheur des programmes d’enseignement, l’application de ces programmes ne sera point également facile, féconde dans tous les milieux. Selon les circonstances, par une pente naturelle parfois irrésistible, des sujets d’étude s’imposeront davantage. Comment donc, en vérité, ne pas soumettre à un sérieux examen les conditions les plus favorables pour instruire la jeunesse? Dans les conflits, dans les luttes qui, depuis un demi-siècle, ont amené des variations dans le choix des matières de l’enseignement, on ne s’est pas préoccupé d’un fait pourtant bien digne de préoccupation. Les collèges, les lycées sont dans les villes : ils sont en nombre dans Paris. Qui songe à les

  1. Ordnung der Entlassungsprüfungen an den höheren Schulen; Berlin, 27 mai 1882.