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l’instruction la langue française et sa littérature, commencer l’étude de la langue latine à une époque plus tardive qu’il n’est en usage dans l’Université, avoir d’une façon régulière des promenades dirigées par un professeur, afin de parcourir les musées, de visiter des manufactures, de reconnaître une carrière ou des points stratégiques. En 1873 s’installait à Paris l’École alsacienne. S’inspirant des vues d’un pédagogue célèbre, Comenius, qui mettait son ardeur à instruire les enfans par la vue des objets plutôt que par les longs discours[1], les fondateurs s’attachaient à favoriser les exercices du corps, à diminuer la longueur des classes par la suppression des devoirs de médiocre utilité; enfin, à charmer les élèves par des excursions à la campagne. De la part des chefs d’établissemens particuliers, cela ne pouvait être que de louables efforts.

On allait enfin comprendre dans les hautes régions l’énormité de certaines lacunes dans l’enseignement. La résolution est prise d’attribuer, dans l’instruction secondaire, une part notable à la science ; l’histoire naturelle va reprendre une place. En 1880, les programmes universitaires sont renouvelés, et, en1885, amendés à quelques égards. Les leçons de choses : air, plantes vulgaires, animaux communs, sont pour les plus jeunes écoliers. Sur ces choses se fera le silence pendant l’année suivante. Aux élèves de sixième, âgés de onze ans, sont réservés les élémens de zoologie, et à ceux de cinquième, la botanique. Chaque série d’études se trouve donc coupée ou interrompue. Or, la mémoire est fugitive chez les enfans, et même à tout âge s’effacent vite les connaissances qui ne sont pas profondément enracinées. Nous rappelons simplement de quelle manière est réglée, à l’heure présente, la marche de l’instruction scolaire, renonçant à élever des critiques faciles qui seraient justifiées, mais inutiles pour le but que nous désirons poursuivre. De grandes améliorations ne sont réalisables qu’en changeant les conditions de l’enseignement, et c’est à changer ces conditions qu’il importe de montrer les avantages. On ne saurait vraiment, dans l’état actuel, méconnaître les difficultés, même l’impossibilité d’une distribution parfaite des études dans les classes du collège. Les matières de l’enseignement sont nombreuses ; par suite des nécessités sociales, elles resteront nombreuses, et les heures de travail ont des limites infranchissables. De là une obligation de recourir, pour diverses études, à d’autres procédés que les procédés qui sont en usage; il s’agit de confondre le plus souvent possible la leçon et la récréation.

  1. Comenius, né à Niwnitz en Moravie le 28 mars 1596, mort le 25 novembre 1671, fut le dernier évoque de la secte des Frères Moraves.