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leur dit : « Que dois-je vous faire, et quelle compensation vous don-nerai-je pour que vous bénissiez le peuple de Iahvé ? »

Les Gabaonites lui répondirent : « Il ne saurait être question d’or et d’argent entre nous et la maison de Saül ; d’un autre côté, nous n’avons pas le droit de faire mourir quelqu’un en Israël. » Et David dit : « Que voulez-vous donc que je fasse ? » Ils répondirent au roi : « Cet homme qui nous a massacrés, et qui s’était proposé de nous exterminer du territoire d’Israël, qu’on nous livre sept d’entre ses fils, pour que nous les crucifiions à Iahvé, dans Gibeat-Saül, selon la parole de Iahvé. » Et David dit : « Je vous les livrerai. » Et le roi épargna Meribaal, le fils de Jonathas, à cause du serment que lui et Jonathas s’étaient juré réciproquement au nom de Iahvé. Et le roi prit les deux fils de Rispa, fille d’Aïah, qu’elle avait eus de Saül, savoir Armoni et Meribaal, et les cinq fils de Mérab, fille de Saül, qu’elle avait eus de Adriel, fils de Barzillaï, de Mehola. Et il les remit entre les mains des Gabaonites, qui les crucifièrent sur la montagne devant Iahvé, et ils périrent tous les sept ensemble.

Ils furent mis à mort dans les derniers jours de la moisson, au commencement de la moisson des orges. Et Rispa, fille d’Aïah, prit le sac dont elle était revêtue et retendit sur le rocher, depuis le commencement de la moisson jusqu’à ce que l’eau du ciel tombât sur les cadavres, et elle ne permettait ni aux oiseaux du ciel de s’abattre sur eux pendant le jour, ni aux bêtes sauvages de s’en approcher de nuit.

Lorsqu’on rapporta à David ce qu’avait fait Rispa, fille d’Aïah, la concubine de Saül, il alla prendre les os de Saül et de son fils Jonathas, de chez les gens de Iabès en Galaad, qui les avaient enlevés de la place de Bêt-San, où les Philistins les avaient suspendus le jour où ils avaient battu Saül au Gelboé. Et, lorsqu’il eut fait ramener de là les os de Saül et ceux de son fils Jonathas, on ramassa aussi les os de ceux qui avaient été mis en croix, et on enterra les os de Saül et de son fils à Séla, sur le territoire de Benjamin, dans le tombeau de son père Kis, et on fit tout ce que le rot avait ordonné. Et Dieu cessa d’être inexorable pour le pays après cela.


David aimait à paraître avoir été forcé aux actes qu’il désirait le plus. Il était bien dans l’habitude de sa politique de se faire le vengeur de Iahvé, même pour des crimes où il avait été de connivence ; ce qui lui procurait le double avantage de servir Iahvé comme il l’entendait et de se débarrasser des gens dont la vie le gênait.

Le harem de David, qui paraît avoir été peu de chose à Hébron, s’augmenta, à Jérusalem, d’un grand nombre de femmes et de concubines. Onze fils au moins lui naquirent en cette nouvelle