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période : Sammona, Sobab, Nathan, Salomon, Ibhar, Élisoua, Néfeg, Iafia, Élisama, Éliada, Élifélet. La maison royale devint bientôt assez riche. Ainsi nous voyons Absalom posséder à Baal-Hasor, en Ephraïm, des troupeaux et un établissement considérable.

Le palais du millo était avant tout une vaste maison, où l’on mangeait et buvait aux irais du roi. Les habitués de la maison royale passaient pour des privilégiés. Ces festins revêtaient souvent une apparence de fête ; les chanteurs et les chanteuses y avaient un rôle. C’était déjà un rêve de bonheur de passer sa vie dans ce luxe et d’en jouir tous les jours.

L’importance des femmes qui composèrent le sérail du roi fut évidemment très inégale. La plus active sans contredit fut la célèbre Bath-séba ou Bethsabée, fille d’Éliam, qui paraît avoir été une femme capable, exerçant une grande influence sur l’esprit de son mari. On expliqua par un adultère et un crime son entrée dans le harem. Il est difficile de dire si ce récit renferme quelque parcelle de vérité ; David n’était pas un saint ; cependant on a tout à fait le droit de décharger sa mémoire du meurtre, abominablement concerté, de son serviteur Urie le Hittite. Ce qu’il y a de sûr, c’est que Bethsabée fut assez puissante pour assurer le trône à son fils. Sous le règne de Salomon, nous la verrons jouer le rôle d’une puissante sultane validé.

Le côté administratif et judiciaire faisait presque entièrement défaut dans un tel gouvernement. La centralisatrice. Il n’existait guère. L’action du roi était faible dans les tribus autres que Juda et Benjamin, dans ce qu’on appelait déjà Israël par opposition à Juda. Un recensement fut présenté comme une chose énorme et criminelle. Nulle conscription : l’armée permanente de David était presque toute composée de Judaïtes, de Benjaminites et d’étrangers, surtout de Gattites, qui suivaient David depuis son premier séjour à Gath. Dans les tribus du Nord, on ne s’apercevait du changement de régime que par une sécurité qu’on n’avait pas eue jusque-là. C’était le gouvernement d’une tribu arabe, avec son extrême simplicité de moyens. Les affaires particulières continuaient de se traiter à la porte de la ville, par l’avis des anciens. Aux environs de Jérusalem, cependant, beaucoup de procès étaient portés au tribunal du roi, qui les jugeait en souverain absolu.

Une seule ville, Jérusalem, entra dans la voie des grandes constructions. La royauté y marqua sa place par un palais, un arsenal, un trésor formé des métaux enlevés aux peuples étrangers, surtout aux Araméens. La monnaie n’existant presque pas à cette époque, le butin consistait à prendre au vaincu ses objets en or ou en bronze. Il semble que déjà David se fit un commencement de cavalerie. La Judée prêtait si peu à la manœuvre des chars armés