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bouddhas passés. Il choisit donc pour père Çuddhôdana et pour mère Mayâ.

Le jour du mariage, celle-ci eut un songe. Elle se voyait transportée sur l’Himalaya, dans une grotte parée de fleurs, où une couche lui avait été préparée. Pendant qu’elle s’y reposait, elle avait aperçu un éléphant blanc tenant au bout de sa trompe un lis blanc. L’éléphant venait dans la grotte, qui en était tout illuminée, et, s’approchant de Mayâ, paraissait s’absorber dans son sein.

Quand la vierge se fut réveillée, les brahmanes consultés déclarèrent à l’époux qu’elle portait en elle l’œuvre de l’Esprit-Saint et qu’elle enfanterait un bouddha. Au temps voulu, la reine mit son fils au monde dans un bois enchanté, entre deux arbres d’or ; l’un était le figuier sacré, le bôdhi, arbre de la science ; l’autre était l’açôka, l’arbre consolateur. Supputée selon la chronologie indienne, cette naissance eut lieu le 25 décembre, quatre jours après le solstice, en présence d’Indra et de Brahmâ. L’enfant répandait un éclat qui effaçait celui de la lune et du soleil. Tous les êtres célestes étaient dans la joie et chantaient. Le vieux ascète Asita vint à Kapilavastou, prit l’enfant dans ses mains et l’adora. Les sages virent en ce fils de Mayâ le sauveur du monde, le béni des nations, descendu du ciel, plein de grâce, apportant la vérité à la terre, l’esprit-saint, l’oint qui est Agni, la lumière surnaturelle du monde, le Seigneur de l’univers.

Mayâ mourut sept jours après. L’enfant fut baptisé selon le rite brahmanique et reçut le nom de Siddhârta. Devenu grand, le jeune prince, témoin des maux de la vie, renonça au trône, se retira au désert et y passa sept années dans la méditation et l’abstinence. L’Esprit du mal et de la mort, Mâra, l’y avait suivi pour le tenter. Il lui fit voir tous les royaumes de la terre et lui offrit d’en être le souverain ; une autre fois, il lui présenta des images voluptueuses et lui envoya même ses propres filles, Dahnâ, Arati et Ragâ ; il le prit enfin par la terreur, déchaînant contre lui tous les élémens. Çâkya passait alors dans le jeûne quarante-neuf jours sous l’arbre bôdhi ; il avait les cheveux rasés, le vêtement jaune ; il avait pris le bain sacré ; il découvrait les quatre vérités sublimes, et nul assaut ne troublait sa méditation. Mâra s’avoua vaincu et l’adora. C’est en ce moment que Çâkyamouni devint bouddha, fut purifié et transfiguré.

Il commença donc à manifester ces vérités transcendantes qui permettent à l’homme d’échapper à l’ignorance, à la misère, aux alternatives de la mort et d’atteindre le nirvâna. La partie négative de sa morale consistait en cinq commandemens : ne pas tuer, ne